INFO RTL - Meurtre de Federico Aramburu par deux anciens du GUD : l'enquête des juges est terminée

6h10, 19 mars 2022, Paris. L’ancien international argentin de rugby Federico Martin Aramburu git sur le bitume du boulevard Saint-Germain, touché par six balles d’armes à feu, dont trois dans le dos. À ses côtés, son associé irlandais Shaun Hegarty, lui aussi ancien rugbyman, est indemne. Il voit mourir sous ses yeux son meilleur ami, avec qui il a monté au Pays basque une agence de voyages spécialisée dans le rugby. Les deux hommes qui ont tiré, Loïk Le Priol et Romain Bouvier, 28 et 31 ans, deux anciens militants du GUD fichés S pour leur appartenance à l’ultradroite violente, se sont en enfui, l’un à pied, l’autre en voiture. 

Ils sont interpellés quelques jours plus tard par la Brigade criminelle de Paris et mis en examen pour "assassinat" par deux juges d’instruction. La compagne de Loïk Le Priol, qui accompagnait le duo ce soir-là et qui les a aidés dans leur fuite, est également mis en examen pour "complicités d’assassinat".

Selon les informations de RTL, les magistrats ont désormais bouclé leurs investigations et les différentes parties, suspects et victimes, ont reçu l’avis de fin d’enquête en fin de semaine dernière. Tous ont désormais un mois pour formuler d’éventuelles observations ou des requêtes complémentaires. Le parquet de Paris dispose du même délai pour rendre ses réquisitions et dire, notamment, s’il demande un procès pour "assassinat", au vu des éléments du dossier.

La défense réfute l'intention de tuer

La qualification est vivement contestée par les avocats des deux mis en cause, Xavier Nogueras et Hugues Vigier qui estiment que Loïk Le Priol et Romain Bouvier n’avaient pas l’intention de tuer quand ils se sont lancés à la poursuite des deux rugbymen dans le quartier de l’Odéon, après une première bagarre sur la terrasse du Mabillon, un bar de nuit où les deux groupes terminaient leur soirée avant de commencer à s’invectiver et à en venir aux mains pour un motif futile. Me Vigier, contacté par RTL, annonce son intention de déposer une demande de non-lieu pour le chef "d'assassinat" et la requalification en violences volontaires avec armes.      

À l’exact opposé, les conseils de Federico Aramburu et Shaun Hegarty, Yann Le Bras et Christophe Cariou-Martin, n’ont eu de cesse de souligner que Romain Bouvier avait tiré quatre balles en quatre secondes vers Federico Aramburu, à hauteur d’homme, dont deux l'ont blessé, et Loïk le Priol six balles en quatre secondes, dont trois dans le dos, mortelles. Ce qui, pour eux, ne laisse aucun doute sur la volonté de tuer. Les parties civiles affirment que la préméditation - et donc le renvoi pour "assassinat" -  est établi par le fait que les deux tireurs se sont lancés à la poursuite des rugbymen dans le quartier Odéon, après leur départ de la terrasse du Mabillon, séparés par les videurs.          

Les images de vidéo-surveillance enregistrées par les caméras du boulevard Saint-Germain font l’objet d’âpres discussions. Les avocats de Le Priol et Bouvier affirment qu’elles démontrent que les deux suspects se sont sentis menacés et ont tiré pour se défendre. Notamment Loïk Le Priol, ancien membre des forces spéciales françaises, qui aurait vu rouge alors que Federico Aramburu, blessé par deux premières balles tirées par Romain Bouvier, tentait de le frapper. Un scénario balayé par les parties civiles qui insiste sur la précision des tirs, leur rapidité et la fuite qui a suivi.

Longtemps attendue, une première expertise psychiatrique a d'abord conclu que Loïk Le Priol présentait une certaine altération du discernement due à ses traumatismes de guerre, mais que cela n’atténuait pas sa responsabilité dans les faits. Des conclusions réfutées par une contre-expertise rendue au printemps qui ne retient aucune atténuation. Une requête en nullité, déposée par la défense de l'ancien soldat engagé en 2014 et 2015 au Sahel, est toujours pendante.

Des armes potentiellement létales retrouvées chez Romain Bouvier

Ce qui ne fait l’objet d’aucune contestation, c'est que les deux tireurs se sont rencontrés dans les années 2010 au sein du GUD, un syndicat étudiant d’extrême-droite coutumier des actions violentes, où ils fréquentaient notamment Julien Rochedy, ancien responsable du Front national de la jeunesse. Loïk Le Priol et Romain Bouvier avaient également l’interdiction de se rencontrer et de porter une arme dans le cadre de violences commises ensemble en 201. Ils en avaient chacun une à la ceinture le soir du drame, "pour se protéger", diront-ils. 

Chez Romain Bouvier, les policiers ont retrouvé en perquisition un exemplaire de Mein Kampf, et de très nombreuses armes de collection, sans permis nécessaire, mais potentiellement létales pour certaines.         

Lors de l'hommage organisé au moment des commémorations du 19 mars 2023, la mère du rugbyman, Cécilia Aramburu, venue spécialement d'Argentine, avait dénoncé devant la plaque installée sur le boulevard Saint-Germain "la haine irrationnelle et caractéristique de l’extrême droite envers tout ce qu’elle considère comme différent d’elle-même". 

Federico Aramburu, longtemps joueur au Biarritz Olympique, s'était définitivement installé avec sa veuve Maria et leurs trois enfants au Pays basque, par amour de la France et en particulier de cette région, terre d'Ovalie. Le procès, s'il devait être in fine décidé par les magistrats, n'aura pas lieu avant 2025.   

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