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Christian Jambert (à gauche) avait alerté sur la personnalité d'Emile Louis (droite) dès 1984 et les premières "disparues de l'Yonne".
Crédit : RTL
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"Dès lors qu'il y a une zone d'ombre, il y a un doute". Jean-Pierre Getti, magistrat à la retraite, parle d'expérience. Avec plusieurs centaines d'affaires traitées à son actif, il a eu l'opportunité de se pencher sur les dossiers les plus épineux des annales criminelles françaises.
Parmi elles : l'affaire des "disparues de l'Yonne". C'est lui qui, à l'automne 2004, a présidé la cour d'assises d'Auxerre qui a condamné à Émile Louis à la prison à perpétuité - une peine confirmée en appel - pour les meurtres de sept jeunes filles dans le département. Une affaire tentaculaire rythmée par de nombreux rebondissements, dont la mort du gendarme à l'origine de l'enquête : Christian Jambert.
Le quinquagénaire enquêtait sur son temps libre pour résoudre l'affaire des "disparues de l'Yonne". En 1997, il est retrouvé mort chez lui... de deux balles dans la tête. Un suicide selon la justice. "Bien entendu, on se demandait comment on pouvait se suicider en tirant deux fois de suite des balles dans la tête, d'où l'hypothèse d'un meurtre", explique Jean-Pierre Getti dans Les Voix du crime.
Ma conviction personnelle c'est que c'est effectivement un suicide
Jean-Pierre Getti
Le magistrat retraité ne remet pas en doute les conclusions de ses collègues. "Toutes les vérifications ont été faites, assure-t-il. Ma conviction personnelle, - comme je ne suis pas impliqué dans l'histoire, je peux l'exprimer - c'est que c'est effectivement un suicide. Il est vrai que néanmoins, il y a des aspects étranges dans la mort de Jambert."
Parmi ces "zones d'ombres", l'utilisation du fusil. "Est-ce qu'on peut appuyer sur la gâchette en mettant le fusil sous le menton avec des bras qui ne peuvent pas appuyer sur la gâchette parce qu'ils sont trop courts ? C'est ce genre de choses qui peut interroger."
Le doute persiste néanmoins. "Et ce doute peut alimenter tous les complots, toutes les versions, toutes les hypothèses qu'on peut imaginer. Donc, il faut rester raisonnable, insiste Jean-Pierre Getti. Il faut aussi admettre qu'on ne peut pas répondre à tout et qu'à un moment donné, il faut laisser les gens en paix."
À cette époque, il y a eu d'autres affaires de mœurs extrêmement graves, extrêmement lourdes
Jean-Pierre Getti
Christian Jambert enquêtait en terrain hostile. "Ce qui rend particulier l'affaire Émile Louis, à l'époque, c'est le contexte dans lequel cette affaire s'est développée et notamment à Auxerre, parce qu'il s'est trouvé qu'à cette époque, il y a eu d'autres affaires de mœurs extrêmement graves, extrêmement lourdes."
Aujourd'hui, les affaires de mœurs seraient décrite comme des affaires de violences sexuelles. Certaines victimes avaient croisé la route d' Émile Louis ou de Michel Fourniret, d'autres ont été par exemple séquestrées et livrées aux tortures d'inconnus dans la maison du couple Dunand. "Il y avait une sorte d'ambiance - limitée certes mais qui néanmoins existait - autour de toutes ces questions de mœurs, de sexualité et qui dénotaient un climat qui n'était pas sain", admet Jean-Pierre Getti.
Au milieu de cette ambiance pesante et suspecte, le travail de Christian Jambert "dérangeait" selon Jean-Pierre Getti. "Un gendarme qui s'intéresse à ce climat dérange forcément. Et en plus, il enquêtait sur la disparition de jeunes filles qui étaient prises en charge par un couple, le couple Charrier, responsable d'une association qui gère de très nombreux établissements et qui sont des notables d'Auxerre."
Le couple a été interrogé par le magistrat pendant le procès d'Émile Louis qui s'est tenu à l'automne 2004. Ils ont du répondre aux questions de la cour sur leur manque de considération pour la disparition des jeunes filles qu'ils recueillaient. Au même titre, d'anciens magistrats au parquet d'Auxerre ont du expliquer pourquoi le rapport d'enquête de Christian Jambert n'a pas été exploité à temps.
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