Le samedi 21 janvier 1984, une jeune femme amaigrie et à bout de forces arrive au commissariat d'Auxerre. Huguette, 19 ans, revient du pavillon de l'enfer. Issue d'un milieu précaire, elle raconte avoir répondu à une petite annonce trois mois plus tôt, promettant nourriture et logement en échange de soins à une personne handicapée. Elle est accueillie par le couple Dunand, Claude et Monique, au pavillon du 12 allée des Violettes à Appoigny, dans l'Yonne.
Rapidement, elle est jetée dans une chambre, insultée, attachée et laissée sans nourriture pendant plusieurs jours. Ensuite, les supplices commencent dans le sous-sol, transformé en salle de torture. Huguette, nue, cagoulée et attachée, subit les sévices d'une trentaine d'hommes.
Elle est régulièrement punie et violée, et doit annoncer les tarifs des prestations aux clients qu'elle ne voit pas : 300 francs pour une brûlure de cigarette, 200 pour être cravachée, 1.500 pour le chalumeau. Elle a cru qu'elle ne survivrait pas à cet enfer. Mais elle n'est pas la seule dans ce cas et demande à libérer sa camarade.
Lundi 23 janvier 1984, la police judiciaire de Versailles se présente au pavillon de l'horreur. Le couple tortionnaire ne semble pas surpris. Lors de la perquisition, Michaëlla, 22 ans, est découverte nue, blessée et menottée dans une chambre. Effrayée, elle pensait que les policiers étaient des clients.
"La cave était aménagée en salle de torture, je n'avais jamais vu ça", confie un policier à L'Yonne Républicaine. Au sous-sol, deux pièces aux ouvertures obstruées révèlent chaînes, menottes, et divers instruments de torture. Les policiers saisissent des agendas et documents, ainsi qu'une liste des tarifs des sévices.
Claude Dunand, voyageur de commerce, et son épouse Monique, comptable à mi-temps sont placés en garde à vue. Ils avouent sans difficulté. Huguette avait mentionné une troisième fille, Isabelle Ringler, que Claude prétendait avoir tuée. Il admet finalement qu'elle est vivante, libérée grâce à un client menaçant de tout révéler.
Mardi 29 octobre 1991, le couple comparait devant la cour d'assises de l'Yonne, à Auxerre. Deux des victimes, la blonde Huguette et la brune Michaëlla, sont au premier rang de ce procès. Elles ont demandé le huis clos lors de leurs témoignages. Mais Isabelle Ringler, la première séquestrée, est absente, victime la veille d’un accident. Au grand désarroi des victimes, Claude Dunand comparait libre.
L'accusé, remarié, plaide coupable et accuse son ex-femme Monique. C'est elle qui l'a poussé à transformer le pavillon en maison des supplices. Mais son ancienne compagne répond qu’elle a été brisée par Dunand. Elle l'accuse de l'avoir offerte, elle aussi, aux hommes. Elle n'a jamais eu la force de le dénoncer.
Un seul client sera jugé, car les rares identifiés sont soit décédés, soit ont bénéficié de non-lieux. Claude Dunand, quant à lui, ne fournit aucun nom, se contentant de répéter négligemment qu'il y "avait des gens importants". L'identité de ces notables reste donc un mystère, d'autant plus que les carnets de Dunand, y compris les agendas remis aux enquêteurs par Huguette, ont disparu.
"En plus de ça, l'une des greffières s'est aperçue que dans l'un des carnets, il manquait deux pages qui avaient été arrachées. Donc qui a arraché ces pages, on ne le sait pas. Comment ces carnets ont disparu, on ne le sait pas", s'étonne Thierry Fournet, réalisateur au micro de L'Heure du crime pour RTL.
Après trois jours de procès, Claude Dunand est condamné à la perpétuité, cinq ans pour Monique Michaud, deux pour le client Christian Grima. Mais en 2001, Claude Dunand est libéré. Il n’est resté au total que seize ans en détention. Huguette et Michaëlla, ses victimes, sont abasourdies.
Hormis ces deux victimes, les témoins de l'affaire Dunand ont disparu un à un, parfois dans des conditions troubles. Monique Michaud, ancienne épouse de Claude Dunand, a fait une chute inexpliquée dans un escalier. Isabelle Ringler, la première séquestrée d’Appoigny, a été retrouvée empoisonnée.
- Thierry Fournet, réalisateur et scénariste de la série : La conspiration du silence, diffusée sur France.tv et a dédié un épisode sur le couple Dunand.
- Sabrina Champenois, rédactrice en chef du service société à Libération et auteure d’un ouvrage sur l’affaire : Les suppliciées d’Appoigny, publié aux éditions 10/18.
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