Tout commence le 16 octobre 2020, en fin d’après-midi. À Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), un professeur de collège rentre chez lui. Il s’appelle Samuel Paty, il a 47 ans, et enseigne l’histoire-géographie. Quelques minutes après sa sortie de l’établissement, il est sauvagement poignardé puis décapité en pleine rue.
Son meurtrier ? Abdoullakh Anzorov. Un jeune homme radicalisé de 18 ans, qui venait de parcourir près de 80 kilomètres depuis Évreux (Normandie) pour exécuter son crime. Pourquoi cet adolescent s’en est-il pris à un enseignant ? Comment s’est-il radicalisé ?
Abdoullakh Anzorov voit le jour en mars 2002 à Moscou, en Russie. Tchétchène d’origine, sa famille, comme des milliers d’autres a fui la guerre qui ravage leur pays. En 2008, à l'âge de 6 ans, il arrive en France avec ses parents et ses cinq frères. Les Anzorov trouvent refuge à Évreux, dans le quartier de La Madeleine. Une cité classée parmi les zones sensibles et où de nombreuses familles tchétchènes sont installées.
Très tôt, Abdoullakh intrigue ses camarades comme ses enseignants. C’est un garçon fermé, solitaire et inquiétant. En classe de 6ème, il dessine un "Allah Akbar", dans son cahier de dessin, entouré de couteaux. Anzorov refuse également de parler aux filles, et ne regarde jamais ses professeurs dans les yeux.
En grandissant, l’adolescent se révèle “impulsif” et “bagarreur". Il se passionne pour la MMA, les sports de combats et est inscrit dans un club de boxe anglais. En 2018, après une violente altercation, il est exclu définitivement de son lycée professionnel. Il a 16 ans, et son père l’envoie travailler sur des chantiers de BTP. Au même moment., dans l’ombre, sur les réseaux sociaux, sa radicalisation est déjà à l’œuvre.
En 2020, Abdoullakh Anzorov a 18 ans. Il passe le plus clair de son temps sur Internet. Il possède plusieurs comptes sur Twitter, WhatsApp, Telegram et Snapchat. Entre juin et octobre, il publie pas moins de 3.000 tweets qui témoignent de sa vision du monde. D’un côté, il y a ce qui est selon lui autorisé par l’Islam et de l’autre, ce qui ne l’est pas.
En juillet 2020, son compte est signalé par la plateforme Pharos pour messages haineux. Ce même été, il rejoint un groupe Telegram djihadiste dans lequel il échange avec d’autres jeunes radicalisés. Il y publie un photomontage d’une tête coupée. Abdoullakh Anzorov veut partir combattre en Afghanistan.
Le 25 septembre 2020, Abdoullakh Anzorov se met en quête de cibles. Il passe des heures à traquer des internautes ayant insulté le prophète Mahomet et cherche leurs adresses, noms et visages. Il ne trouve personne, jusqu’à Samuel Paty. Le 9 octobre 2020, il découvre la polémique autour de ce professeur qui a montré des caricatures du prophète en classe. Pour Abdoullakh, c’est une offense impardonnable.
Le 16 octobre 2020, il prend le train pour Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). À la sortie des cours, devant le collège du Bois d’Aulne, il cherche à identifier Samuel Paty et interroge des élèves. Peu avant 17 heures il l’aperçoit, le suit, puis l’attaque mortellement à coups de couteau. Anzorov publie dans la foulée une photo du corps mutilé de l’enseignant sur Twitter.
Son message est adressé à Emmanuel Macron : "J’ai exécuté un de tes chiens de l’enfer”. Quelques instants plus tard, les policiers de la BAC sont sur place. Abdoullakh Anzorov est abattu, criblé de neuf balles.
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