Affaire Sophie Narme : qui est M. Duboste, son assassin qui se cachait sous un faux nom ?

Mercredi 4 décembre 1991, 21h45, le commissariat du 19e arrondissement de Paris est appelé pour la découverte d'un corps dans un appartement au 22 de la rue Manin. Sur place, les fonctionnaires sont attendus par Daniel Dufetelle, le directeur de l'agence immobilière Cannes-Paris. Depuis la mi-journée, il était sans nouvelle de l'une de ses employées, Sophie Narme, 23 ans. Elle devait faire visiter à un client un appartement en location au sixième étage. Il vient de la retrouver dans le logement, morte. 

"L’appartement est sens dessus dessous. C’est une scène apocalyptique. Elle a subi de graves sévices. Elle a été violée, torturée et étranglée avec sa propre ceinture. On retrouve des plaies au niveau du thorax", indique Jean Arca, journaliste fait divers chez Le Progrès et Marianne, dans L'Heure du Crime, sur RTL.

Les policiers de la brigade criminelle sont convaincus que Sophie Narme a été attirée dans un piège. La veille, elle a reçu l'appel d'un homme qui voulait absolument visiter, au plus vite, l'appartement de la rue Manin. Dans son agenda, Sophie a écrit : "Duboste, 42.43.64.06, 11h00, 22 rue Manin". Des recherches sont aussitôt lancées sur ce mystérieux M. Duboste, très certainement un faux nom. Le numéro de téléphone correspond en fait au numéro de fax d'un fabriquant de plastiques installés à Dieppe. Les vérifications à la manufacture ne donnent rien. 

Le parallèle avec des crimes similaires

Jeudi 26 décembre, le laboratoire reçoit les prélèvements de sperme recueillis sur le corps de Sophie Narme. Ils vont servir à établir le profil ADN du violeur. Catastrophe. Le médecin s'aperçoit que les prélèvements ne sont pas les bons. Les véritables prélèvements ont été perdus. Le 10 mai 2005, le juge prononce un non-lieu. 

Lundi 16 octobre 2006, le procureur de Paris rouvre le dossier Sophie Narme. Les policiers spécialisés dans les atteintes aux personnes ont utilisé le logiciel Salvac, programme qui permet de rapprocher des dossiers criminels. Seules deux affaires présentent des similitudes avec le dossier Sophie Narme. Le meurtre de Cécile Bloch, 11 ans, en 1986. Et un double meurtre dans le Marais en 1987. Un mégot de cigarette avait été retrouvé sur la scène de crime. Un mégot était également présent dans la cuvette des toilettes de l'appartement que faisait visiter Sophie Narme.

Le 4 décembre 2015, le dossier Narme est relancé. Le cas d'une tentative de viol datant de 1999, celle de Marion, 19 ans, agente immobilière, est mis en avant par les enquêteurs. L’attaque ressemble beaucoup à celle de Sophie Narme. La victime avait été en partie déshabillée de force, frappée à coups de poings, menacée par un cutter, une compresse sur la bouche. L'agresseur avait tenté d'étrangler la jeune femme. Elle s'était débattue et l’avait mis en fuite. L’homme a perdu du sang dans la bagarre. À l'époque, les expertises ADN n'avaient rien donné. 

Dominique Pélicot suspecté

La juge Nathalie Turquey rapproche donc l'affaire Sophie Narme de celle de Marion. Le sang de l’individu est à nouveau expertisé. Le 19 août 2022, la juge est informée que l’ADN matche avec celui d'un certain Dominique Pélicot. "Il était dans cette région. Il a travaillé dans des agences immobilières à Paris. Il a fait plusieurs boulots et on sait qu’il a sillonné les parties nord de la ville", explique Me Florence Rault, avocate de Marion et de la famille de Sophie Narme. 

Lundi 5 décembre 2022, Dominique Pélicot est entendu au pôle des cold cases par la juge Nathalie Turquey. Confondu par la découverte de son ADN, il reconnaît la tentative de viol de Marion en mai 1999. Dominique Pélicot est questionné sur le meurtre de Sophie Narme, pour lequel il est mis en examen. "Je n'ai rien à dire, je n'ai rien fait", répète-t-il en boucle. Me Florence Rault affirme dans Le Figaro : "La narration que nous fait Marion de son
agression et dans laquelle Dominique Pélicot a été confondu par son ADN, apparaît très similaire à ce qui s'est passé pour Sophie Narme". 

Trente-quatre ans après le meurtre de Sophie Narme, Dominique Pélicot est aux yeux de la justice le suspect numéro un. Il risque d'être renvoyé un jour devant une cour d'assises. Son avocate, Béatrice Zavarro, craint qu'on veuille faire de son client un bouc émissaire et un coupable taillé sur mesure. "Même si mon client à reconnu être l'auteur de l'agression sur Marion, et nié toute intention de viol, il a toujours contesté son implication dans le meurtre de Sophie Narme", rappelle-t-elle. 

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Jean Arca, journaliste fait divers chez Le Progrès et Marianne.
Journaliste qui a révélé l'exhumation de Sophie Narme.

- Me Florence Rault, avocate au barreau de Paris.
Avocate de Marion et de la famille de Sophie Narme.

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