3 min de lecture
Des flacons d'arsenic (Photo d'illustration)
Crédit : MATTHIAS BEIN / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP
Je m'abonne à la newsletter « Infos »
Mardi 9 octobre 2001, peu après 22h00, le docteur Stockel, médecin de garde ce soir-là à Thann, à une vingtaine de kilomètres de Mulhouse, est appelé pour une urgence dans un pavillon, sur les hauteurs de la ville. Le médecin trouve la maîtresse de maison, Gabrielle Labrell, 64 ans, dans un état épouvantable. Elle se tord de douleurs, victime de convulsions, de diarrhées. Aussitôt envoyée à l'hôpital de Thann. Les infirmières sont choquées par l'état de la patiente. Impossible à soulager, comme si son ventre se déchirait.
Vers 23h30, c'est au tour du mari, Pierre Labrell, 66 ans, de se plaindre de nausées et de douleurs à l'estomac. Conduit au centre hospitalier de Thann puis transféré à Mulhouse. Gabrielle Labrell, placée en soins intensifs décède dans la nuit. Pierre Labrell voit son état se dégrader. Il meurt trois jours plus tard. Les médecins pensent à une intoxication alimentaire massive. Le docteur Stockel, premier sur les lieux, avait aperçu un plat de fromage blanc sur la table. Du "bibalakas", une spécialité régionale assaisonnée de ciboulette, d'ail, de poivre et de sel.
Lundi 3 décembre 2001, le procureur ouvre une information judiciaire contre X pour empoisonnement. Un laboratoire du Havre, spécialisé dans l'analyse de métaux lourds dans l'organisme humain, vient en effet de détecter une concentration massive d'arsenic dans les corps de Pierre et Gabrielle Labrell. De l’arsenic a-t-il été versé dans la nourriture des victimes ? La juge d'instruction de Mulhouse, Ariane Combarel est chargée de l’enquête.
Deux mois après les morts suspectes de Pierre et Gabrielle Labrell, les gendarmes de la section de recherches de Mulhouse lancent une série de perquisitions aux domiciles des deux enfants et dans la maison des parents. On cherche de l’arsenic. La maison familiale est retrouvée sans dessus dessous. Arnaud Labrell avoue être à l'origine de ce désordre. Il vit ici depuis le drame. Il a voulu faire du ménage. Le jeune homme apparaît perturbé, méfiant.
Vendredi 14 décembre 2001, les corps de Pierre et Gabrielle Labrell sont exhumés du cimetière de Thann. Les experts excluent le suicide. L’analyse des cheveux montre en effet que le couple a méthodiquement été empoisonné à l'arsenic depuis onze mois. Arnaud Labrell, le fils, devient suspect. Il avait des relations exécrables avec son père. Au point que celui-ci avait décidé de lui couper les vivres. Le fils insultait parfois sa mère avec des mots orduriers. Gabrielle continuait néanmoins à lui donner de l'argent à l'insu de son mari.
Florence, la sœur d'Arnaud Labrell, indique aux gendarmes que son frère lui fait peur. Elle a préféré quitter l'Alsace pour aller s'installer en famille en Touraine. Deux jours après les hospitalisations, il était entré chez elle, de nuit, en passant par le toit. Elle le décrit comme agité, incohérent. Une intrusion qu'Alain Cheval, journaliste au quotidien Dernières Nouvelles d'Alsaces, relie à l'héritage dont Florence "allait récupérer les deux tiers et lui un tiers".
Lundi 17 mars 2003, Arnaud Labrell est placé en garde à vue. L'analyse de ses cheveux montre la présence d'arsenic, substance très volatile. Aucune trace de ce poison n'a été détectée en revanche dans les cheveux de sa sœur Florence. Le jeune homme explique que cet arsenic provient très certainement de son séjour prolongé chez ses parents après les empoisonnements. Il dément avoir utilisé de l’arsenic même s’il s’est intéressé à ce poison.
Lundi 14 mars 2005, Arnaud Labrell, prend place dans le box des accusés de la cour d'assises du Haut-Rhin, à Colmar. L'ancien aide-éducateur nie toujours avoir tué ses parents. Il est condamné à la perpétuité assortie de 22 ans de sûreté. "C'est un personnage froid, calculateur fier et arrogant. Je crois que ça déplu à la cour d’assises qui aurait pu l’acquitter. Il n’y avait pas de preuves formelles contre lui, ni d’aveux", indique Alain Cheval.
Cinq ans presque jour pour jour après l'empoisonnement de ses parents, Arnaud Labrell est devant la cour d'assises d'appel du Bas-Rhin, à Strasbourg. L'accusé est à nouveau condamné à la perpétuité, assortie cette fois de 18 ans de sûreté. "Le problème de ce dossier c’est qu’on ne saura jamais comment les parents ont été empoisonnés. Arnaud Labrell a été déclaré coupable par défaut. On n’a jamais pu faire le lien avec un geste particulier de sa part", explique Muriel Thielen, avocate du fils de Gabrielle et Pierre Labrell.
- Alain Cheval, journaliste pour le quotidien Dernières Nouvelles d'Alsace.
- Me Muriel Thielen, avocate au barreau de Mulhouse. Avocate d'Arnaud Labrell.
- Ariane Combarel, juge d'instruction en charge du dossier.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte