Affaire Maureen Jacquier : qui est Sylvain Boulais, le meurtrier de la jeune mécanicienne d'Airbus ?

Vendredi 27 février 2015, autour de 22h30, Rodolphe Jacquier, son épouse et leur fille cadette sont devant une petite résidence moderne, 28 chemin Tricou à Toulouse. Ils sont venus de Lyon pour rendre visite à leur fille ainée, Maureen, 19 ans, mais celle-ci ne répond pas. La porte de l’appartement, au rez-de-chaussée, est fermée. Le papa fait le tour pour accéder au jardin clôturé. Il sait que Maureen laisse toujours sa porte fenêtre entrouverte pour laisser son chat sortir. Le papa entre et ressort aussitôt. 

Maureen gît sur le dos, sur le carrelage de sa chambre, coincée entre le lit et un mur. Il y a beaucoup de sang. Elle ne respire plus. Les secours et les policiers découvrent à leur tour la jeune femme, vêtue d'un shorty et d'un débardeur. Le légiste dénombre au total 62 coups de couteau dont quatre mortels, à l'aorte et à la carotide. La victime s'est défendue, comme en témoignent ses avant-bras lacérés. Elle n'a pas été violée. Le meurtrier est entré par la porte fenêtre entrebâillée. Seule l’empreinte de la victime figure sur le montant. 

Le médecin estime que Maureen Jacquier a été tuée au petit matin, peu après donc à son retour chez elle. Horaire toutefois contredit par un couple de voisins. Ces derniers certifient avoir aperçu la jeune femme, vivante, passer devant leur fenêtre le vendredi matin vers 10h00. Les enquêteurs sont perplexes. Ils sont également intrigués par une lampe frontale retrouvée près du corps et qui n'appartient pas à la victime. 

Un collectionneur de femmes et de couteaux

Cinq jours après les obsèques de Maureen Jacquier, un ADN masculin inconnu est détecté sur une serviette de bain rose imbibée du sang de la victime. De nouvelles expertises permettent de retrouver ce même ADN sur la housse de couette. La mystérieuse lampe frontale a été touchée par Maureen Jacquier. Mais le fameux ADN masculin inconnu figure sur l'élastique qui permet de porter la lampe sur le front. L'ADN est celui d'un certain Sylvain Boulais, 25 ans, mécanicien chez Airbus. Le jeune homme est en couple avec Lucille, une amie de Maureen.

Mercredi 10 juin 2015, Sylvain Boulais est en garde à vue. Chez lui, les policiers découvrent une collection de couteaux, sa passion. Aucun n'a servi à tuer Maureen Jacquier. Le soir du drame, il était au bar avec des amis. Il a quitté l'établissement vers 2h30, 3h00 du matin. Puis, il va changer ses déclarations. Oui il a eu, deux mois avant le meurtre, une relation sexuelle avec Maureen. 

Les parents de Maureen Jacquier, réentendus par la PJ de Toulouse, se souviennent de Sylvain Boulais, désormais soupçonné du meurtre. À sa mère, Maureen avait raconté que Sylvain Boulais lui avait fait des avances et aurait tenté de l'embrasser de force au cours d'une soirée en décembre 2014. Elle l'avait repoussé. Sylvain Boulais ne cache pas son attrait pour les femmes et le sexe. Il fréquentait des prostituées et avait des relations avec des "filles d'un soir". Il conteste avoir tenté d'embrasser de force la victime.

Une condamnation à 30 ans de prison en appel

Jeudi 17 janvier 2019, Sylvain Boulais apparaît devant la cour d'assises de Haute-Garonne, à Toulouse. Sa famille dénonce un dossier sans preuves et sans aveu. "Il est également soutenu par ses amis d’Airbus mais dans une moindre mesure parce que dans le cercle d’amis de la ligne d’assemblage tout le monde connaissait l’amour de Sylvain pour les femmes et pour Maureen", indique Jean Cohadon, journaliste spécialisé en faits divers et justice à La Dépêche du Midi, dans L'Heure du Crime, sur RTL. 

Sylvain Boulais déclare n'y être pour rien dans cette affaire. Oui, il a eu une attirance pour Maureen Jacquier mais rien d'obsessionnel. "Pourquoi l'aurais-je tuée ? Je n'étais pas subjugué par elle. Ça n'aurait jamais fonctionné entre nous", déclare-t-il. Le 25 janvier, Sylvain Boulais est condamné à trente ans de prison. 

Lundi 2 mars 2020, Sylvain Boulais, est devant la cour d'assises d'appel du Tarn-et-Garonne, à Montauban. Il continue de dire qu'il n'a pas tué Maureen Jacquier. Les avocats de la partie civile répètent qu’il est le seul et unique suspect. Quatre jours de procès plus tard, Sylvain Boulais est à nouveau condamné à trente ans de prison, avec vingt ans de sûreté. "Ce qui m’a marqué c’est l’extrême dureté des faits commis entre deux jeunes gens parfaitement insérés", précise David Sénat, avocat général au procès.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Jean Cohadon, journaliste spécialisé en faits divers et justice à La Dépêche du Midi.
- Me Laurent Boguet, avocat au barreau de Toulouse. Avocat de Rodolphe et Graziella Jacquier, les parents de Maureen.
- David Sénat, avocat général au procès. 

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