Affaire Maylis Daubon : la mère de famille a-t-elle voulu empoisonner ses deux filles ?

Mercredi 13 novembre 2019, autour de 11h30, les pompiers de Dax sont appelés pour une jeune femme de 18 ans en arrêt cardiorespiratoire dans une maison du centre-ville. La victime est retrouvée dans une chambre sombre, à l’étage, la fenêtre condamnée par un meuble. Maylis Daubon, la maman, est au pied du lit. C’est elle qui a appelé les secours. Sa fille aînée, Enéa, tout juste 18 ans, est allongée en position latérale de sécurité. Elle convulse et bave. Elle ne respire plus. 

Maylis Daubon ne sait pas de quoi souffre Enéa. Elle sait seulement que sa fille est dépressive et que des infirmiers la visitent régulièrement. La maman ajoute que sa fille peut avoir des idées noires mais elle n'est pas suicidaire. Un pompier dira avoir trouvé la situation "étrange". Une liste de médicaments trouvés au domicile est dressée. On retrouve du Propranolol, bêtabloquant destiné aux cardiaques, rarement administré à de jeunes patients, un anxiolytique ou encore un produit contre les crises d'épilepsie.

Mardi 19 novembre 2019, Enéa Reverdy-Daubon décède à l'hôpital de Dax. Le procureur est alerté. La mort est jugée suspecte, probablement due à une surdose médicamenteuse. Les analyses toxicologiques sont dramatiques. Dans le corps d’Enéa, pas moins de vingt-quatre molécules présentes. Le père de la victime, Yannick Reverdy, se manifeste. Il explique qu’il est séparé de Maylis Daubon depuis dix ans. Elle lui interdit de voir ses filles. 

Les préoccupantes analyses toxicologiques de la seconde fille

Lundi 16 décembre 2019, un mois après la mort d'Enéa Reverdy-Daubon, les policiers accumulent les témoignages sur la maman, Maylis Daubon. Des voisins décrivent une mythomane qui se dit professeur à la Sorbonne ou ex-ambassadrice. Maylis Daubon apparaît surtout comme obsédée par la médecine et de la santé. Elle avait pour habitude d'emmener sa fille Enéa dans de très nombreux cabinets médicaux à Dax et à Bordeaux. Ces deux dernières années, Enéa a vu 32 médecins.

Un peu plus de deux ans après le décès d'Enéa, Maylis Daubon est interpellée. Sa fille Luan, son petit ami et l'ex d'Enéa sont également placés en garde à vue. Maylis Daubon s'emmêle dans ses déclarations à propos de son parcours personnel et professionnel. Au sujet de la journée du 13 novembre, où elle est revenue en urgence à la maison, elle dit ne se souvenir de rien. Trois semaines après la mise en examen de Maylis Daubon, la juge d'instruction prend connaissance des analyses toxicologiques concernant cette fois la cadette Luan. Un nouveau cocktail médicamenteux est révélé.

Jeudi 8 juin 2023, les deux psychiatres chargés d'examiner Maylis Daubon rendent leur rapport. Ils n'ont détecté aucune anomalie mentale. Les psychiatres avancent un possible cas de surprotection maternelle qui pourrait aller jusqu’à l’emprise. Il ne s’agit selon eux que d’une hypothèse, mais ils évoquent le syndrome de Münchhausen par procuration. "Dans l'esprit de la mère, l'enfant ne s’est pas différencié d’elle. Elle est un peu avec lui comme s'il était encore à l’intérieur d’elle-même", précise Éric Binet, maître de conférences à l'école des psychologues praticiens de Paris, dans L'Heure du Crime, sur RTL. 

Une nouvelle incrimination pour instigation à l'assassinat

La juge d'instruction Maud Barré note chez Maylis Daubon une grande "capacité de persuasion et une tendance à vouloir imposer à l'autre ses convictions". À l'époque, une enquêtrice avait décrit une "petite fille en danger psychologique". Au moment du drame, Enéa, 18 ans, commençait à s'émanciper et à prendre ses distances avec sa mère. "Concernant la thèse du suicide, aucune boite de médicaments de Propranolol n'a été retrouvée alors qu’elle est censé en avoir avalé entre 50 et 75 comprimés", indique Philippe de Maria, journaliste et chef de bureau RTL région Grande Aquitaine.
Vendredi 3 novembre 2023, la juge d'instruction met à nouveau en examen Maylis Daubon. L’incrimination est inattendue : instigation à l'assassinat. Elle aurait voulu faire éliminer son ex-mari Yannick Reverdy, le père de ses deux filles. Maylis Daubon aurait confié à une codétenue son "désir de commettre un crime contre son ex-mari".

Lundi 24 novembre 2025, Maylis Daubon doit comparaitre devant la cour d'assises des Landes, à Mont-de-Marsan, pour avoir empoisonné ses deux filles, Enéa, décédée en novembre 2019, et Luan, aujourd'hui âgée de 22 ans. Maylis Daubon a toujours nié les faits. Son avocate, Me Carine Monzat, explique qu'elle aborde le procès "comme chacun aborderait un procès où l'on vous accuse d'avoir tué votre fille". 

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Philippe de Maria, journaliste et chef de bureau RTL région Grande Aquitaine. 
- Me Carine Monzat, avocate au barreau de Lyon. Avocate de Maylis Daubon avec Me Danglade. 
- Éric Binet, maître de conférences à l'école des psychologues praticiens de Paris. 

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