Affaire Sophie Lionnet : que s'est-il passé pour cette fille au pair dans la maison de l'horreur londonienne ?

Elle croyait ouvrir la porte d’un avenir radieux, pourtant elle a franchi le seuil d’un enfer. Sophie Lionnet avait tout juste 20 ans lorsqu’elle quitte la France pour Londres, en janvier 2016. Une jeune fille timide qui rêve de faire un premier pas vers l’indépendance. Elle répond à une annonce pour un poste de jeune fille au pair dans un quartier cossu de Wimbledon. Elle ne sait pas encore que cette expérience sera son calvaire.

Au début, elle s’occupe des enfants et aide à la maison. Mais progressivement, l’ambiance change. Sophie devient la cible de brimades, d’humiliations et d’accusations délirantes. Ses employeurs, un couple d'expatriés, Sabrina Kouider, créatrice de mode instable, et Ouissem Medouni, analyste financier, sombrent dans la paranoïa.

La mère de famille est obsédée par son ancien compagnon, le chanteur Mark Walton, membre du groupe Boyzone. Elle en vient à croire que Sophie est une espionne rémunérée par le chanteur, chargée de l’infiltrer, de droguer et d’agresser sexuellement sa famille. 

"Laissez-moi partir"

Sophie est isolée. Les échanges avec sa mère s'espacent. Elle perd du poids et paraît exténuée. Les voisins la voient, fuyante et craintive. Elle laisse derrière elle quelques mots griffonnés : "Je veux rentrer", "Laissez-moi partir".

Le 20 septembre 2017, une voisine alerte les pompiers : une épaisse fumée s’échappe du jardin du 164 Wimbledon Park Road. Le locataire, Ouissem Medouni, explique qu’il fait un barbecue. Mais dans les cendres, les pompiers découvrent des os humains. "Je fais cuire un mouton", tente-t-il. Le lendemain, le corps calciné est formellement identifié : c’est celui de Sophie Lionnet.

Des vidéos d'interrogatoires

"Le corps de Sophie a énormément de blessures et de fractures. On sait qu'elle a aussi été frappée par un câble électrique. Elle a été maltraitée pendant longtemps, mais surtout durant les tout derniers jours de sa vie", explique Marie Billon, journaliste au micro de L'Heure du crime pour RTL.

Des semaines avant sa mort, Sophie a été soumise à des interrogatoires filmés. Dix-huit vidéos ont été découvertes dans les téléphones du couple. Dans ces enregistrements, le couple l'accuse de n'être plus simplement une nounou, mais une espionne infiltrée pour Mark Walton, l'ancien compagnon de la mère de famille. Ouissem Medouni l'accuse : "Tu as aidé un pédophile". 

Privée de nourriture, battue et humiliée, Sophie fait semblant d'avouer, dans l’espoir d’être épargnée. Elle sera tuée peu après. 

Un couple monstrueux au procès

Le procès s’ouvre en mars 2018 à la cour criminelle de l’Old Bailey, à Londres. Les douze jurés n'ont pas retenu l'état psychologique fragile de Kouider. Le 26 juin 2018, le verdict est rendu : prison à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 30 ans. 

Maître Alexandre Demeyère-Honoré, l'avocat de la famille de la victime, reste sur une note amère : "Ce verdict est à la fois un soulagement, mais il laisse aussi des questions qui restent en suspens. C'est-à-dire que personne n'a reconnu les faits ; bien que la justice ait établi leur culpabilité, les deux accusés ne se sont pas expliqués. On ne sait pas comment Sophie Lionnet est morte et lequel des deux l'a tuée."

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Maître Alexandre Demeyère-Honoré, avocat au barreau de Lille et avocat avec Me Franck Berton de la famille de Sophie Lionnet. 
- Marie Billon, journaliste et correspondante à Londres pour RTL.

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