À Besançon, dans une chambre de la cité universitaire, une jeune étudiante japonaise, Narumi Kurosaki, 21 ans, a été assassinée. Des cris stridents ont résonné cette nuit de décembre 2016, mais personne n’a osé sortir. Il n'y aura ni témoin ni corps.
Dans les jours qui suivent sa disparition, ses amis s’inquiètent et vont même jusqu'à veiller devant la porte de sa chambre universitaire, la 106. Après une dizaine de jours, la police est enfin alertée. Une perquisition est conduite dans sa chambre, tout est en ordre. Mais il manque son portable, sa grosse valise orange, une couverture et un drap.
L'enquête pointe rapidement Nicolas Zepeda, l'ancien petit ami de Narumi rencontré au Japon. Elle l'avait quitté et le décrivait comme un harceleur. Âgé de 26 ans à l'époque, le jeune homme est issu d'une famille influente. Il est brillant, affable et était obsédé par cette relation.
Le 4 décembre, la veille des cris qui ont été entendus, Narumi se trouvait dans la petite commune d'Ornans en compagnie d'un homme au restaurant. Le personnel se souvient d'un couple : elle, d'origine asiatique ; lui, s'exprimant en espagnol. L'addition a été réglée avec une carte Visa chilienne, ce qui a permis de remonter jusqu'à Nicolas Zepeda. Plus tard, il avouera être venu à Besançon "essentiellement pour rencontrer Narumi". Il aurait donc parcouru plus de 22 000 kilomètres aller-retour pour ce qui semblait être un dîner de retrouvailles ou peut-être de rupture.
Le jeune homme avait loué une voiture à Dijon, une démarche planifiée depuis le Chili. Le véhicule a été retrouvé couvert de boue. Grâce au tracker GPS, les enquêteurs ont pu retracer ses déplacements : il s'était rendu près du campus universitaire mais aussi dans la forêt de Chaux, et sur des chemins isolés.
"Quelques jours avant la nuit des cris, Zepeda a pris la peine de se rendre dans un supermarché pour acheter cinq litres de produit inflammable, un pulvérisateur de détergent et trois boîtes d'allumettes. Ce ne sont pas des achats typiques pour un touriste," se souvient Willy Graff, journaliste, au micro de L'Heure du crime sur RTL.
Le 23 décembre 2016, un mandat d’arrêt international est émis contre Nicolas Zepeda. Une semaine plus tard, il se présente de lui-même à Interpol Santiago. Lors de son interrogatoire, il évoque un dîner de retrouvailles "amicales" suivi d’une nuit passée ensemble. Quant aux cris entendus cette nuit-là, il les qualifie de "gémissements d'amour", affirmant avoir quitté l'étudiante au matin.
Le procureur de Besançon évoque "un calculateur redoutable". "Manipulateur : c'est le trait qui ressort des expertises," explique Willy Graff, journaliste. "Les psychologues et psychiatres qui ont examiné Nicolas Zepeda en prison décrivent également un individu manquant d'empathie et doté d'une froideur affective hors du commun."
Deux ans plus tard, le parquet déclare officiellement la mort de Narumi, bien qu'aucune trace de son corps n'ait été retrouvée malgré des fouilles intensives dans la forêt de Chaux.
Le procès s’ouvre à Besançon en mars 2022. Zepeda, chemise bleu clair et cravate, nie toutes les accusations. Malgré cela, il est condamné à 28 ans de prison. En 2023, il fait appel, mais la peine est confirmée. Cependant, en février 2025, la Cour de cassation annule le verdict en raison d'un vice de forme, ouvrant la voie à un troisième procès.
- Willy Graff, journaliste, chef d’agence de Besançon pour L’Est Républicain et auteur du livre : L’affaire Narumi. Un crime sans corps, publié aux éditions des Presses de la Cité.
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