Affaire Sophie Chéênne : qu'est-il arrivé à cette jeune femme disparue à Laval ?

Au mois de mai 1996, Sophie Chéênne, 20 ans, disparaît à Laval (Mayenne), à quelques jours de fêter son 21e anniversaire. Peu inquiets, les enquêteurs pensent d'abord à l'hypothèse de la fugue ou du suicide. Sophie était parfois gagnée par des accès de mélancolie et de découragement. Le 6 mai 1996, Jacques et Jacqueline Chéênne, les parents de la disparue, reçoivent un appel.

Au bout du fil, Yannick, le petit ami de Sophie, avec qui la jeune femme vivait dans un immeuble situé au quai Albert Goupil, à Laval (Mayenne). Ce dernier tente de joindre la jeune femme, dont il n'a plus de nouvelles depuis quatre jours. Entendue au commissariat, Jacqueline apprend que Yannick s'est violemment disputé avec sa fille quelques jours plus tôt. Les mois passent et l'enquête n'avance pas

Au courant de l'année 1997, le couple Chéênne reçoit plusieurs appels téléphoniques des communautés religieuses du Finistère et l'enquête laisse les parents livrés à eux-mêmes. "Lorsqu'on a des jeunes femmes qui disparaissent de cette façon-là, c'est assez traditionnel de penser qu'elles ont voulu échapper à leurs compagnons, qu'elles sont parties autre part, ou avec quelqu'un. On ne s'y attache pas beaucoup, et on se dit qu'elles vont revenir", confie Me Corinne Hermann, avocate de la famille de Sophie Chéênne, au micro de L'Heure du Crime sur RTL.

Yannick C., l'ex petit-ami suspect

Aucune enquête n'est finalement diligentée par les enquêteurs. Le 28 septembre 1998, deux ans après les faits, le parquet de Laval ordonne l'ouverture d'une information judiciaire pour homicide volontaire et un juge d'instruction est nommé. Yannick C., l'ex petit ami, est entendu. Ce dernier avoue avoir eu une dispute avec Sophie, le 1er mai 1996.

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Ce dernier explique que le lendemain, il est allé retrouver ses amis du basket en discothèque, et une fois rentré au domicile de Laval dans la nuit, Sophie n'était plus là. Les gendarmes s'interrogent peu à peu sur Yannick et découvrent une note dans laquelle il indique : "Je suis malheureux et inquiet... Si je la trouve avec ce mec, ça va chauffer". Très vite, la piste est abandonnée, et en décembre 1999, après quinze mois d'enquête, le juge de Laval délivre un non-lieu.

La piste Michel Fourniret

Le 18 octobre 2005, près de dix ans après les faits, l'enquête sur la disparition de Sophie Chéênne est rouverte par le procureur de Laval. À la même période, les enquêteurs se penchent sur la piste Michel Fourniret, arrêté en juin 2003 et suspecté de plusieurs meurtres précédés de viols de jeunes filles, ainsi que Monique Olivier, la femme et complice du tueur en série.

"Ils sont tout à fait capables de l'avoir fait. C'est arrivé plusieurs fois qu'une jeune fille soit enlevée, qu'elle disparaisse et qu'on ne sache pas ce qu'elle est devenue. Dans l'affaire Estelle Mouzin, il a fallu 20 ans pour savoir ce qu'il lui est arrivé", affirme Agnès Grossman, auteure du livre "Le mal au féminin - Monique Olivier, épouse Fourniret" (éditions des Presses de la Cité). 

De nouvelles recherches

Entre 2017 et 2022, deux traces ADN de la famille maternelle de Sophie Chéênne sont prélevées. Les résultats du laboratoire, non concluants, brisent rapidement les espoirs de la famille. En mai 2025, de nouvelles sondes sont organisées par les gendarmes et les experts de l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) dans les caves de l'immeuble du quai Albert Goupil, à Laval (Mayenne).

Au terme de trois heures de vérifications, aucun élément suspect n'est repéré. "On demande à ce que toutes les pistes apparues dans le dossier, ou tout témoignage qui apparaîtrait aujourd'hui, soit exploré totalement. Il faut fermer toutes les portes avant de pouvoir retenir une hypothèse plutôt qu'une autre", conclut Me Corinne Hermann.

Les invités de L'heure du crime

- Me Corinne Hermann, avocate au barreau de Paris et avocate de la famille de Sophie Chéênne
- Nicolas Goinard, journaliste à Ouest-France Laval.
- Agnès Grossman, journaliste, auteure de documentaire et auteure du livre "Le mal au féminin - Monique Olivier, épouse Fourniret" publié aux éditions des Presses de la Cité.