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Affaire Lisa Nowak : comment cette astronaute de la NASA s'est-elle retrouvée dans la peau d’une criminelle ?

PODCAST - "L'Heure du Crime" revient sur l'affaire Lisa Nowak. En février 2007, cette vedette de la NASA se retrouve impliquée dans l'agression violente d'une autre femme, une rivale amoureuse. La police l'interroge. Elle va conclure à une tentative de meurtre et même d'assassinat.

Lisa Nowak, astronaute de la NASA

Crédit : POOL / AFP

L'INTÉGRALE - Lisa Nowak : mission sans retour pour l'astronaute

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L'INTÉGRALE - Lisa Nowak : mission sans retour pour l'astronaute

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L'ENQUÊTE - Lisa Nowak : comment a-t-elle échafaudé ce plan macabre ?

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Jean-Alphonse Richard - édité par Thomas Bernardon

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Lundi 5 février 2007, peu avant 3h30 du matin, la police d'Orlando, en Floride, est appelée pour une agression sur un parking de l'aéroport international. La victime est une femme. Elle vient de composer le numéro d'urgence depuis une cabine publique à la sortie de l'aéroport. Elle est affolée. Elle a du mal à parler. Elle dit s'appeler Colleen Shipman, capitaine dans l'US Air Force. 

Colleen Shipman venait de Houston. Son avion s'est posé peu après 1h00 du matin. À cause d'une erreur de la compagnie, elle a dû attendre deux heures avant de pouvoir récupérer ses bagages. Une fois arrivée dans le parking, elle a entendu des pas rapides derrière elle. Une femme s'est approchée et a collé son visage contre le carreau de la voiture. "Elle voulait que je l’emmène”, témoigne Colleen Shipman. Elle a alors légèrement entrouvert sa vitre. La femme a essayé d'entrer et lui a envoyé un jet de bombe lacrymogène au poivre dans les yeux. 

Lundi 5 février, 3h45, un policier de l'aéroport aperçoit une femme qui jette un gros sac dans une poubelle, près du parking des navettes. Elle correspond au signalement donné par la victime. La suspecte est aussitôt interpellée et menottée. Dans le sac, un pistolet à plombs, un couteau pliable, la bombe lacrymogène, deux paires de gants, un marteau et 600 dollars en petites coupures. La femme présente une carte d'identité militaire. Elle se nomme Lisa Marie Nowak, réside à Houston et travaille pour la NASA. 

Une rupture amoureuse mal digérée

Colleen Shipman sursaute quand un policier lui révèle le nom de la femme qui l’a agressée : Lisa Nowak. Elle ne l'avait jamais vue. Mais elle en a beaucoup entendu parler. C'est l'ex-petite amie de son compagnon actuel, Bill Oefelein, un astronaute de la NASA. Lisa Nowak n'aurait pas supporté sa rupture avec lui. Colleen Shipman raconte qu'elle se sentait surveillée depuis deux ou trois mois. Désormais, elle est persuadée que Lisa Nowak lui en voulait. 

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Lisa Nowak est en garde à vue au siège de la police d'Orlando. Elle répète qu'elle ne voulait pas faire de mal à Colleen Shipman. Elle voulait juste discuter de Bill Oefelein, ce collègue astronaute qui l’a plaquée pour partir avec cette rivale qui a dix ans de moins qu’elle. Elle raconte que tout s'est précipité quarante-huit heures auparavant. Elle était seule chez elle à Houston. Depuis Noël, elle est séparée de son mari, Richard. Elle est allée allée chez son ex-amant, Bill Oefelein. Il était absent. Elle a fouillé son ordinateur et a vu que Colleen Shipman avait réservé un vol pour Orlando. Elle s'y est rendue. 

Mardi 6 février, Lisa Nowak comparait devant un juge d'Orlando. Celui-ci ne l'inculpe que de tentative d'enlèvement et de coups et blessures. La police souhaite une inculpation pour tentative de meurtre au premier degré, l'équivalent d'assassinat. Elle dit détenir des preuves et des indices accablants. Le juge fixe la caution à 25.500 dollars. Lisa Nowak est placée sous bracelet électronique, assignée à résidence chez elle à Houston. 

Deux évaluations psychiatriques démontrant des troubles obsessionnels et compulsifs marqués

Jeudi 1er mars 2007, le procureur d'Orlando décide d’abandonner la charge de tentative d’assassinat sur Colleen Shipman par Lisa Nowak. Il sait que le juge va rejeter de nombreuses preuves fournies par les enquêteurs. Le dossier souffre d’un vice de forme. Lisa Nowak reste inculpée de tentative d'enlèvement, de volonté de terroriser une personne et de coups et blessures. Dans les jours qui suivent, Nowak est une première fois examinée par les médecins de la NASA. Son contrat est clôturé. 


La même année, Lisa Nowak apparaît pour une audience devant le tribunal d'Orlando. L'astronaute Pierce Sellers, qui a participé avec Nowak à la mission de la navette Discovery, témoigne. Selon lui, dans les mois précédant l'agression, sa collègue astronaute avait perdu sept ou huit kilos. Elle n'allait pas bien. "Cela montre que contrairement à l’image que l'on peut avoir, du type étoffe des héros, qui sont capables de résister à tout, les astronautes sont humains. Il y a une dimension de fragilité en eux", explique Philippe Coste, journaliste et correspondant aux États-Unis, dans L'Heure du Crime, sur RTL.

Mardi 10 novembre 2009, Lisa Nowak fait face au juge Marc Lubet au tribunal d'Orlando. L'ancienne astronaute annonce qu'elle plaide coupable. Son avocat confirme qu'il ne plaidera pas le désordre mental de sa cliente. Deux évaluations psychiatriques ont pourtant conclu à des troubles obsessionnels et compulsifs marqués. Le juge la condamne à un an de prison avec sursis probatoire. "Depuis cet affaire, on pousse les astronautes à dire leurs états d'âmes", indique Olivier Lascar, rédacteur en chef chez Sciences et Avenir

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Philippe Coste, journaliste et correspondant aux États-Unis.
- Olivier Lascar, rédacteur en chef chez Sciences et Avenir. Co-auteur du livre : 50 petits et grands mystères du corps humain, aux éditions Vuibert. 

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