Affaire Sarah Scazzi : une famille unie dans le crime

Sarah Scazzi avait les yeux noisettes et de longs cheveux blonds. Une adolescente sans histoire. Elle était partie rejoindre sa cousine, Sabrina Misseri, pour un après-midi à la plage. C'est ici que démarre le drame qui a secoué le petit village d'Avetrana et passionné l'Italie toute entière. 

"Je sens qu'il a pu lui arriver quelque chose", dit Concetta Serrano, la mère de Sarah Scazzi, lorsqu'elle se rend au poste de police le 26 août 2010. En effet, sa fille est portée disparue et les battues organisées par les forces de l'ordre s'avèrent inefficaces. 

Même si la piste de l'enlèvement est explorée, elle apparaît comme une thèse de moins en moins crédible. "Sarah disparaît sur une zone de 500 mètres. Le temps qu’elle fasse le trajet, elle n’a pas pu être enlevée comme ça, sans témoin, parce que c’est un petit village. Donc, on suppose très vite que la famille sait quelque chose", souligne McSkyz, un youtubeur spécialisé en faits divers ayant consacré une vidéo à l'affaire Sarah Scazzi. 

Le "coup de chaud" de l'oncle Michele Misseri

28 septembre 2010. Les enquêteurs se tournent vers les cousins. Michele Misseri, l’oncle de Sarah, est entendu. Il était à la ferme quand sa fille. Sabrina guettait l’arrivée de Sarah. Il a entendu un bruit de moteur derrière la maison. Une grosse voiture selon lui. Quand il a appris la disparition, il a tout de suite inspecté un terrain planté d'oliviers. Il a eu comme un pressentiment. Les enquêteurs sont troublés par ses dires.

Les recherches prennent fin le 6 octobre 2010. La dépouille de Sarah est découverte gisante au fond d'un puits. Michele Misseri a guidé la police jusqu'au corps. Il serait donc le meurtrier de la jeune italienne. L'oncle dit avoir eu un "coup de chaud qui lui est monté à la tête".

Une pulsion sexuelle. Il lui a sauté dessus, elle s'est débattue. Il l'a étranglée avec une cordelette. Il a transporté le corps sous un figuier et ici a profané le cadavre, il a violé l’adolescente.

Un complot familial

"L’autopsie n’a pas permis de prouver une agression sexuelle mais Michele Misseri a toujours admis avoir tenté une approche sexuelle sur sa nièce", rappelle Flavia Piccinni,  journaliste indépendante en Italie, co-auteur avec Carmine Gazzani du livre : Sarah : La ragazza di Avetrana, publié aux éditions Fandago Libri. Le doute s'insinue dans la tête des enquêteurs. Beaucoup trop de questions restent encore en suspens. 

L'oncle suspect est réinterrogé. Nouvelle version. Misseri raconte que sa fille Sabrina attendait Sarah sur le seuil de la maison. Une dispute a éclaté à propos d'un garçon que les deux cousines convoitaient : Russo Ivano. Michele explique que les choses ont mal tourné et qu'il y a eu un accident. La police penche à nouveau pour un enlèvement. Sabrina et Cosima Misseri, la tante de Sarah, sont dans le collimateur des enquêteurs. 

Mardi 10 janvier 2012, Michele Misseri, son épouse Cosima et leur fille Sabrina comparaissent devant la cour d'assises de Tarente. La plupart des accusés choisissent de garder le silence. Sabrina se défend. L'oncle continue à s'accuser du meurtre. Pour l'accusation, il fait tout pour protéger son épouse et sa fille, deux femmes dont il a peur. d'elle. Le 20 avril 2013, après quinze mois de procès, Cosima et Sabrina Misseri sont condamnées à la perpétuité pour le meurtre de Sarah. Michele Misseri écope de huit ans pour dissimulation de cadavre. 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Flavia Piccinni, journaliste indépendante en Italie, co-auteur avec Carmine Gazzani du livre : Sarah : La ragazza di Avetrana, publié aux éditions Fandago Libri.
- McSkyz, youtubeur spécialisé en faits divers et ayant consacré une vidéo à l’affaire Sarah Scazzi. Son dernier livre : « Le Backpacker killer » publié aux éditions Dark Side

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