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Affaire Marie-Élisabeth Cons-Boutboul : quels secrets cache la belle-mère de l'avocat assassiné Jacques Perrot ?

PODCAST - "L'Heure du Crime" décortique l'affaire Marie-Élisabeth Cons-Boutboul. Une bourgeoise respectable, adepte du secret et du mensonge, apparaît derrière l'assassinat de son gendre, l'avocat Jacques Perrot, fin 1985. L'affaire va la rattraper, à 200 kilomètres de Paris.

Marie-Elisabeth Cons-Boutboul à son procès le 2 mars 1994

Crédit : GERARD FOUET / AFP

L'INTÉGRALE - Cons-Boutboul : les mensonges ensanglantés

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Jean-Alphonse Richard - édité par Thomas Bernardon

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Vendredi 27 décembre 1985, peu avant 20h30, le commissariat du 16e arrondissement de Paris est appelé pour des coups de feu dans un immeuble, au numéro 29 de l'avenue Georges-Mandel. Sur le palier du premier étage, est découvert un homme qui gît sur le dos. Son visage et sa poitrine sont ensanglantés. L’homme a reçu trois balles de calibre 22 tirées par un révolver, dans l'œil gauche, dans la tempe gauche et dans le cœur. La victime est Jacques Perrot, 39 ans, avocat au barreau de Paris. Son cabinet est au troisième étage, son domicile au deuxième. 

Les policiers n’ont pas d'indices. Ils se concentrent sur la victime. Jacques Perrot n’est pas n'importe qui. Avocat connu du tout Paris. L'un des meilleurs amis du premier ministre du moment, Laurent Fabius. Il est marié à la célèbre jockey Darie Boutboul. Un couple qui ne s’entend plus répètent des proches. Des disputes de plus en plus vives. Depuis deux mois, mari et femme ne vivaient plus sous le même toit. L'avocat avait repris sa vie de playboy. Au moment de sa mort, il avait trois maîtresses.


Des proches racontent qu’avant de mourir, Jacques Perrot avait mis son nez dans les affaires de sa belle-famille. Il avait découvert bien des surprises. Ainsi, il ignorait que sa belle-mère, Marie-Élisabeth Cons-Boutboul, avait été radiée du barreau après avoir été accusée d’escroquerie. Elle avait extorqué des dizaines de millions de francs aux religieux des Missions catholiques étrangères de Paris. Perrot s'est aussi aperçu que le père de Darie Boutboul, déclaré mort dans un accident d'avion, était bien vivant. 

Confidences chez le charcutier

Jeudi 5 mai 1988, le corps d'un homme est retrouvé échoué sur des rochers, au Havre. Bruno Dassac, 51 ans, représentant en lingerie, habitué des tapis verts et des hippodromes, a reçu une balle dans la nuque. Dans son agenda, un numéro au nom de Marguerite Samson, conduit à une charcuterie du 16e arrondissement de Paris. Coïncidence, la brigade criminelle s'est aperçue que Marie-Élisabeth Cons-Boutboul venait y passer régulièrement ses coups de fil. Sur les écoutes, elle est Marguerite. Elle est en contact avec un certain "Robert". Lequel est identifié comme étant Bruno Dassac. 

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Mardi 6 juin 1989, Marie-Élisabeth Cons-Boutboul est placée en garde à vue au Havre dans le dossier Bruno Dassac. Elle l’a peut-être connu, il y a longtemps. Elle finit par déclarer qu'elle l'utilisait pour transporter de l'argent en Suisse. De l'évasion fiscale. Elle n’en sait pas plus. Le juge l’inculpe de complicité dans l’homicide de Bruno Dassac. Elle est incarcérée. 

Quatre ans après la mort de Jacques Perrot, Marie-Élisabeth Cons-Boutboul est inculpée pour complicité d'assassinat de Jacques Perrot. Elle nie. Elle est incarcérée à Fleury-Mérogis. Les juges Alain Verleene puis Marie-Odile Bertella-Geffroy vont chacun découvrir une femme qui leur donne du fil à retordre. Interrogatoires filandreux, réponses évasives et dilatoires, histoires sans queue ni tête. "Elle était tout à fait capable de nous tenir 48 heures sans vraiement répondre à une question", indique Christian Flaesch, ancien chef de section de la brigade criminelle, dans L'Heure du Crime, sur RTL.

"Un cirque judiciaire"

Le juge Alain Verleene puis la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy vont s'interroger sur l'énorme escroquerie qui a valu à l'avocate Marie-Élisabeth Cons-Boutboul d'être radiée du barreau de Paris en 1981. Pendant treize ans, elle avait facturé aux Missions catholiques étrangères de Paris des sommes astronomiques. Le gendre Jacques Perrot s’était rendu en Suisse. Avait-il trouvé là-bas quelque chose de grave sur sa belle-mère ? 

Mercredi 2 mars 1994, Marie-Élisabeth Cons-Boutboul est dans le box des accusés de la cour d'assises de Paris. Elle apparaît presque amusée par ce qu'elle appelle, en aparté, un "cirque judiciaire". Elle reconnait qu'elle n'était pas favorable au mariage de sa fille Darie avec Jacques Perrot mais elle avait appris à l'estimer.  

"Elle joue un rôle et toutes les versions qu'elle a données, elle va les rejouer à l’audience. Elle est une victime, quelqu’un qui détient un secret qu’elle ne peut donner. Sinon, elle va mettre en danger tous ses proches. Elle est prête à payer le prix de son silence", explique Dominique Rizet, journaliste police-justice à BFM et RMC. Après trois semaines de procès et quatre heures et demi de délibéré,  Marie-Élisabeth Cons-Boutboul est condamnée à quinze ans de prison. 

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Christian Flaesch, ancien chef de section de la brigade criminelle (1983-1988).
- Dominique Rizet, journaliste police-justice à BFM et RMC. Coprésentateur d'Affaires Suivantes sur BFM et coprésentateur de Faites entrer l'accusé sur RMC.

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