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Affaire Christine Malèvre : infirmière compatissante ou tueuse en série ?

PODCAST - "L'Heure du Crime" revient sur l'affaire Christine Malèvre. En mai 1998, cette infirmière, 28 ans, se retrouve soupçonnée d’avoir provoqué la mort de patients dans un hôpital des Yvelines. Elle nie les faits. Une enquête judiciaire pour homicides est ouverte.

Christine Malèvre attend le début de son procès, le 20 janvier 2003 devant les assises de Versailles

Crédit : MARTIN BUREAU / AFP

L'INTÉGRALE - Christine Malèvre : la mort en blouse blanche

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L'INTÉGRALE - Christine Malèvre : la mort en blouse blanche

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L'ENQUÊTE - Christine Malèvre : l'infirmière est-elle une tueuse en série ?

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Jean-Alphonse Richard - édité par Thomas Bernardon

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Dimanche 3 mai 1998, Jacques Gutton, 71 ans, admis à l'hôpital François-Quesnay de Mantes-la-Jolie après un accident cardio-vasculaire, est retrouvé sans vie dans sa chambre. C'est l'infirmière Christine Malèvre, en poste dans le service neurologie-pneumologie, qui a signalé le décès. Cette mort suscite tout de suite des doutes chez les collègues de l’infirmière. Christine Malèvre avait en effet insisté pour injecter davantage de Tranxène à ce cardiaque. Le médecin avait refusé. Françoise Leprêtre, infirmière en chef, se demande ce que faisait Christine Malèvre dans la chambre du patient. 

Le lendemain, Françoise Leprêtre, le docteur Olivier Ille et le directeur de l'établissement, Henri Gosset, se concertent sur le cas Christine Malèvre. Leurs soupçons se concentrent sur l'infirmière. Elle n'en serait pas à son premier décès suspect. Le 27 avril, Patrice Collin, 29 ans, souffrant d’une maladie irréversible, est décédé d'une administration trop rapide de morphine. Il était plongé dans le coma, entouré par deux aides-soignantes. Quand elles se sont absentées, Christine Malèvre a pris leur place. Peu après, Patrice Collin a rendu son dernier souffle sous le regard de l'infirmière. 

Mercredi 6 mai 1998, le directeur de l'hôpital entend Christine Malèvre. Elle est mise à pied malgré ses dénégations à propos du décès de Jacques Gutton. Un jour plus tard, elle tente de se suicider. Elle avale deux boîtes de Lexomil. Son compagnon la découvre inconsciente dans la baignoire. L'infirmière est sauvée par les pompiers et hospitalisée à François-Quesnay, là où elle travaille. 

Une fascination pour la mort

Deux mois après sa mise en cause dans l'affaire de morts soudaines de l'hôpital François-Quesnay, Christine Malèvre est en garde à vue à la police judiciaire de Versailles. Selon le commandant Alain Le Pache, il y a trois ou quatre fois plus de décès lorsque Christine Malèvre est présente dans la chambre. L'infirmière se dit victime de rumeurs. Après quelques heures, elle passe aux aveux. Pour dix patients, elle a fait les injections à leur demande. Pour vingt autres, c'était sa propre initiative. 


Mercredi 8 juillet, Christine Malèvre est mise en examen pour huit homicides volontaires. Elle est placée sous contrôle judiciaire. Le cas Malèvre enflamme l'opinion. "Il y avait une sorte de regard extrêmement bienveillant sur cette infirmière. Il faut rappeler qu’on a le sentiment dans les hôpitaux qu'on meurt mal, que lorsqu'une personne voudrait accélérer sa mort, il n’y pas de réponse médicale. Donc, il y a un regard empathique sur ceux qui auraient le courage de réduire l’agonie", rappelle Éric Favereau, ancien journaliste en charge de la santé à Libération, dans L'Heure du Crime, sur RTL.

Deux mois et demi plus tard, Christine Malèvre est entendue par le juge d'instruction Richard Pallain. Elle revient sur ses aveux. Elle était sous pression en garde à vue. Elle n'a jamais tué trente personnes. Son avocat évoque de six à huit cas. Le juge, qui n’excluait pas des actes d'euthanasie, va pourtant se raviser. Une première équipe d'experts psychiatres indique que Christine Malèvre souffre de troubles de la personnalité. Elle éprouverait une fascination pour la mort. Et notamment celles des patients. L’infirmière se projetterait dans la souffrance des autres. 

Remise en liberté après quatre ans de détention

Jeudi 8 avril 1999, Christine Malèvre est à nouveau face au juge d’instruction Richard Pallain pour une séance de reconstitution. Lors de l'enquête, l'infirmière avait expliqué que la seringue électrique s'était vidée d'un seul coup sur une patiente décédée le 17 novembre 1997, Dominique Kostmann. Elle était morte d'une surdose de morphine. Christine Malèvre parle d’un accident. Hélas, lors de cette séance, il est constaté que l'eau contenue dans la seringue empêche l'inoculation décrite par l'accusée. "Nous avions la certitude technique qu'elle avait menti", indique Richard Pallain. 

Lundi 20 janvier 2003, Christine Malèvre comparait devant la cour d'assises des Yvelines, à Versailles. Son père, ancien contremaître chez Renault, vient témoigner. "Ce qu'elle a fait, elle l'a fait par compassion. Je vois rien d'autre", déclare-t-il. Au fil des audiences, l'accusée, qui avait avoué jusqu'à trente morts n'en reconnaît que deux. Le 31 janvier, elle est condamnée à dix ans de prison. Elle est incarcérée à la prison pour femmes de Versailles.

À l'automne de la même année, Christine Malèvre, est devant la cour d'assises d'appel de Paris. Elle ne va jamais formuler aucun remords. L'infirmière est condamnée à douze ans de prison, deux de plus qu'au premier procès. Après quatre années de détention, elle a été libérée et n'a plus jamais fait parler d'elle.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Richard Pallain, juge d'instruction dans ce dossier.
- Éric Favereau, ancien journaliste en charge de la santé à Libération ayant suivi toute cette affaire pour le quotidien. 

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