Nous sommes à Allauch (Bouches-du-Rhône), dans la nuit du 9 au 10 octobre 2021. Au petit matin, dans un appart-hôtel du nord de Marseille, deux corps sont retrouvés inanimés : Frédéric R., 46 ans, et Karine Teboul, 50 ans, ont été assassinés. Le couple semble avoir été surpris dans son sommeil, leurs crânes ont été fracassés à coups de marteau.
Le suspect ? Alexis M., un voisin de palier de 50 ans et de nature discrète, qui a tout du voisin sans histoire. Ex-chauffagiste devenu chargé d’affaires dans une grande entreprise, père de deux enfants, excellent golfeur et homme connu pour son humour, Alexi M. ne laisse, en surface, rien présager. Quelque temps avant les faits, il avait changé de comportement et était plongé dans l’ésotérisme et les délires mystiques.
La nuit, il était souvent aperçu, gesticulant sur son balcon, sur fond de France Gall, en parlant à voix haute, souvent seul. Alexi évoquait des énergies, des forces et des présences. La veille du drame, le quinquagénaire est même contrôlé par la police en train de faire des moulinets sur la voie publique. "Je m’entraîne aux arts martiaux", répond-il. Un voisin étrange, qui n'éveille pas encore tous les soupçons.
Alexis M., suspecté d’avoir pénétré chez ses voisins pour les tuer, dans la nuit du 9 au 10 octobre 2021, est interpellé par le RAID. Les enquêteurs perquisitionnent son domicile et passent l’appartement et sa moto au BlueStar, une substance qui révèle les traces de sang. Plusieurs traces, dont certaines appartenant aux victimes, sont relevées. Mis face à l’évidence, Alexi nie et déclare "avoir dormi profondément".
L'homme reconnaît une virée nocturne, en scooter, "pour prendre l’air". La vidéosurveillance confirme la circulation de son deux-roues entre 4h et 5h du matin. Son téléphone montre un aller-retour jusqu’aux Goudes, à l’autre bout de Marseille. En garde à vue, Alexi garde son calme et contrôle ses émotions. Il parle avec froideur et, sur le coup, personne ne demande d’expertise psychiatrique.
Incarcéré à la prison des Baumettes, Alexis M. passe plus d'un an derrière les barreaux, jusqu'en janvier 2023, période à laquelle il décompense. Son équilibre psychologique et ses barrières mentales finissent par céder. Alexis M. est transféré en psychiatrie. Les experts commencent à s'intéresser à son parcours et découvrent un homme brisé. À l'été 2023, deux expertises concluent à une altération de son discernement, et non une abolition complète : la maladie a eu un impact sur son passage à l'acte, mais il reste pénalement responsable et sera jugé pour le double meurtre.
En 2024, Alexis M. est remis en liberté sous contrôle judiciaire et passe enfin aux aveux au bout de trois mois, indiquant une "perte de contrôle". Pour son avocat, c’est le signe d’une maladie enfin prise en charge. Pour la famille des victimes, c’est une manœuvre. Un calcul, car elle ouvre la voie à une possible irresponsabilité pénale. Depuis, deux expertises ont conclu à l'abolition du discernement. Le procès, prévu pour 2026, pourrait ne jamais avoir lieu.
>> Enquêtes Criminelles, c'est le magazine des faits divers sur W9, présenté par Nathalie Renoux. C'est aussi un podcast. Chaque semaine, Jean-Marie Goix raconte une affaire emblématique qui fait ou qui a fait la une de l'actualité.
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