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Effet de groupe, pour "rire", vengeance... Un jeune sur cinq a déjà harcelé un de ses camarades

À l'occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement prévue ce jeudi 6 novembre, l'association e-Enfance a publié son baromètre annuel qui montre que 19% des jeunes ont déjà participé au harcèlement d'un camarade, souvent "entraînés par une dynamique collective".

Illustration de harcèlement scolaire.

Crédit : stray_cat / GETTY

Sabrine Mimouni & AFP

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Du harcèlement par mimétisme. L'association e-Enfance, en partenariat avec la Caisse d'Epargne, a dévoilé le jeudi 30 octobre dernier, les résultats de la 5e édition de son baromètre sur le harcèlement et le cyberharcèlement des jeunes. Les résultats montrent que près d'un jeune sur cinq, soit environ 19%, reconnaît avoir déjà participé à des actes de harcèlement, souvent entraîné par une dynamique collective. 


"L'effet de groupe s'impose comme le principal moteur (45 %), tandis que l'envie de "rigoler" (19 %) et la vengeance (18 %) complètent ce tableau préoccupant des motivations. Si 77 % des auteurs prennent conscience de la gravité de leurs actes, 24 % récidivent malgré tout", détaille le baromètre. 


"Je faisais des blagues dégradantes sur son physique, je l'insultais au quotidien", raconte Thomas, (le prénom a été modifié), 17 ans, devenu harceleur "sans s'en rendre compte", poussé comme beaucoup d'autres élèves par l'effet de groupe et un mal-être personnel.

L'adolescent en terminale professionnelle à Clermont-Ferrand reconnaît avoir harcelé un camarade lors de son entrée en classe de 1ère il y a un an. "À la maison, mon beau-père me rabaissait constamment. J'avais besoin d'extérioriser, de relâcher toute ma haine", se justifie-t-il.

Harceler pour "s'intégrer"

Comme Thomas, près d'un jeune sur cinq a déjà participé à des actes de harcèlement, et 37% dit en avoir été victime, selon l'étude de l'association e-Enfance.

Dorian Trigatti, 24 ans, explique quant à lui être devenu un harceleur à l'école primaire "par mimétisme". "Je me suis accroché aux mauvaises racines pour m'intégrer", raconte le chargé d'événementiel à Nantes.

"Le harcèlement repose sur un effet de groupe très puissant. Or, il est dangereux pour un élève de sortir de cet effet de groupe tout seul", explique Marie Quartier, professeure de lettres et co-fondatrice du Centre ReSIS, qui forme le personnel éducatif à la méthode de la préoccupation partagée (MPPfr).

"C'est une méthode non accusatoire qui repose sur un modèle d'entretien avec l'élève harceleur, qu'on prend à témoin de la souffrance de l'élève harcelé. L'idée est de responsabiliser chaque élève pouvant jouer un rôle dans le groupe", explique Marie Quartier.

"Il faut d'abord travailler à la résolution de la situation, avec une méthode très précise. Mais quand un élève récidive, il faut savoir dire stop", selon Caroline Veltcheff, responsable à l'Académie de Paris du programme pHARe développé par l'Éducation nationale contre le harcèlement.

Changer les harceleurs d'école est "une fausse bonne idée"

"Plusieurs centaines" d'élèves harceleurs ont été changés d'école, a annoncé le ministre de l'Éducation nationale Édouard Geffray. Des exclusions rendues possibles par un décret de 2023 et qui permet à l'élève harcelé de rester dans son établissement. 

Mais pour Olivier Raluy, conseiller principal d'éducation et secrétaire national CPE du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, c'est "une fausse bonne idée". "Le problème du harcèlement est beaucoup plus complexe. On sait très bien par exemple que le harceleur peut avoir été harcelé et le harcelé devenir un harceleur", explique le CPE.

Laura Hinigier, co-fondatrice de l'association Kaïneo qui lutte contre le harcèlement scolaire depuis 2019, a d'abord été harcelée. "Pendant plusieurs années, on m'excluait, m'insultait sur mon physique", explique la jeune femme de 27 ans, évoquant des séquelles durables.

"En arrivant au lycée, je me suis dit qu'il ne fallait plus que je sois du côté des victimes. J'ai commencé à suivre les harceleurs et à me moquer des élèves marginalisés", se remémore Laura. Elle œuvre aujourd'hui pour "un meilleur accompagnement psychologique des victimes, mais aussi des harceleurs", estimant que "si on harcèle, c'est qu'on a un souci".

Un délit punissable de 45.000 euros d'amende

Selon l'étude de e-Enfance, 44% des auteurs expriment un mal-être à la suite de leurs actes, 32% auraient souhaité savoir dire non, et 24% regrettent de ne pas avoir connu les sanctions légales encourues avant de passer à l'acte. "Un jour, une surveillante a prononcé le mot harcèlement. Ça a été un électrochoc. J'ai arrêté par peur de la répression", poursuit Laura Hiniger.

Depuis la loi dite Balanant de 2022, le harcèlement scolaire est devenu un délit punissable de trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende lorsqu'il cause une incapacité totale de travail (ITT) inférieure ou égale à huit jours, voire même s'il n'a pas entraîné d'ITT.

Mais pour Éric Debarbieux, spécialiste de la violence en milieu scolaire : "La lutte contre le harcèlement ne peut pas être que pénale ou pédagogique. Alors que le rejet de l'autre est devenu un argument électoral, la lutte doit avant tout être politique".

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