Affaire Erin Patterson : la meurtrière aux champignons a-t-elle failli réussir le crime parfait ?

Erin Patterson, Australienne, 50 ans, est soupçonnée d'avoir assassiné trois personnes, dont ses beaux-parents, lors du repas familial. Au menu : un bœuf Wellington préparé avec un ingrédient très spécial. Une poignée d’amanites phalloïdes, des champignons mortels. Son mari, invité principal, s'était décommandé au dernier moment. L'épouse empoisonneuse a-t-elle failli réussir le crime parfait ?

Dimanche 30 juillet 2023 au matin, Don et Gail Patterson téléphonent à leur fils Simon. Les retraités ont passé une nuit épouvantable. Depuis leur déjeuner, la veille, chez Erin Patterson - leur belle fille et épouse de Simon - ils souffrent de violentes nausées.

Leur fils Simon a soudain un sombre pressentiment. Son épouse, avec laquelle il est séparé, l'avait aussi invité à ce déjeuner. Il avait décliné à la dernière minute. Il appelle les deux autres convives, également nauséeux. Dans la soirée l'état de santé des quatre invités se dégrade. Leurs foies sont touchés par une toxine très agressive. Ils sont transférés en urgence à l'Austin Hospital, à Melbourne.

Des traces d'amanites phalloïdes dans la poubelle de la cuisine

Le lendemain, Erin Patterson, informée des hospitalisations, appelle son mari Simon. Curieusement, elle ne demande aucune nouvelle des uns et des autres mais parle d’elle. Elle se sent patraque. Elle part consulter un médecin.

Ce dernier ne constate aucun trouble. L’état de santé est normal. Le docteur l’interroge sur le déjeuner de samedi, partagé avec quatre invités admis à l’hôpital. Elle déclare avoir préparé un bœuf Wellington, inspiré d'une recette puisée dans un livre de cuisine asiatique. Elle avait acheté des champignons déshydratés dans une épicerie chinoise de Melbourne.
Les beaux-parents et Heather Wilkinson décèdent à l'hôpital. Quant à Ian Wilkinson, le quatrième invité à ce repas, il est plongé dans le coma. La police démarre son enquête. Les experts détectent des traces d'amanites phalloïdes dans la poubelle de la cuisine. À la déchèterie locale, les policiers récupèrent un déshydrateur pour champignons. On y retrouve dessus les empreintes de la maîtresse de maison et des traces d'amanites.

Sur les images de vidéosurveillance de la déchèterie, on voit clairement Erin Patterson se débarrasser de cet appareil au lendemain du repas fatal.

Un témoignage essentiel

Le témoignage de Simon Patterson aux officiers de police va apporter quelques éclairages supplémentaires. Il raconte qu'à quatre reprises, il a été très malade après avoir été servi par sa femme. En novembre 2021, en randonnée, il est hospitalisé pendant cinq jours après avoir mangé des pâtes à la bolognaise. En mai 2022, seize jours d'hôpital après un poulet au curry. Deux mois plus tard, intoxiqué avec un ragoût de bœuf. Septembre 2022 un wrap végétarien paralyse temporairement son cou et sa mâchoire. 

Dans les heures suivant les intoxications, les policiers avaient saisi un téléphone portable. Lequel n’a livré aucune donnée intéressante. Le deuxième téléphone de la suspecte reste introuvable. Ce Samsung Galaxy, a pourtant borné en forêt quelques semaines avant le repas mortel. Des coins à champignons et notamment à amanites phalloïdes.

Le 28 avril 2023 au matin, puis le 22 mai, l'appareil a ainsi borné dans le secteur de la Loch Recreation Reserve. Selon la procureure, Erin Patterson est venue ramasser ici des champignons vénéneux. Sur un forum destiné aux amateurs de champignons – consulté par Erin Patterson - un naturaliste mettait en garde contre la présence d'amanites phalloïdes dans le secteur.

Une "absence totale de remords"

Lundi 8 septembre 2025, Erin Patterson, 50 ans, est condamnée à la prison à vie. Elle ne pourra être libérée qu'après trente-trois ans de détention.

"Votre absence totale de remords ne fait que remuer le couteau dans la plaie des victimes", a déclaré le juge de la cour suprême de l'État de Victoria. "Dans l’histoire australienne ce n’est arrivé qu’une fois qu’une femme soit condamné à cette peine", précise Grégory Plesse, journaliste et correspondant pour plusieurs médias à Sydney ayant couvert l'affaire pour Le Figaro, sur RTL.

Mais pourquoi commettre ce crime ? Malgré une enquête rondement menée par la police australienne, il est très compliqué de le déterminer avec précision. "C'est probablement la chose la plus fascinante dans cette affaire, on ne connaît pas le mobile, on sait qu’il y avait de l’animosité entre Erin et Simon", explique Nino Bucci, journaliste police-justice en Australie pour The Guardian.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Grégory Plesse, journaliste, correspondant pour plusieurs médias à Sydney ayant couvert l'affaire pour Le Figaro.
- Dr Estelle Flament, docteur en toxicologie médico-légale.
- Nino Bucci, journaliste police-justice en Australie pour The Guardian ayant suivi toute l'affaire Erin Patterson. 

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