"Quand je vois le numéro s'afficher sur mon téléphone, j'ai un mauvais pressentiment et je décroche. L’appel n'est pas si catastrophique, ce que ce que j'entends comme nouvelle, c'est que les copains ont été agressés et que Clément est à l'hôpital. Son cœur s'est arrêté, mais les pompiers ont réussi à le faire repartir", se remémore Claire Cosquer. À ce moment-là, elle est en première année de master à Sciences Po Paris et milite au sein du Syndicat Sud-étudiant de l'établissement avec Clément Méric.
Ce 5 juin 2013, l'étudiante n’imagine pas encore l’issue que la situation s’apprête à prendre. Après l'appel, Claire se rend à l’hôpital pour rejoindre son camarade blessé. Comme plusieurs de ses amis, elle patiente devant l'établissement pendant presque 24 heures, dans l’attente d’une bonne nouvelle. "On ne s'attend pas du tout à ce qu'on nous annonce la mort de notre ami", se souvient-elle. Et pourtant, l'impensable se produit.
C'est dans ce contexte que la mort de Clément nous apparaît (…) on la voit effectivement liée à une montée de l'extrême droite
Claire Cosquer, amie de Clément Méric
La veille de sa mort, Clément Méric se rendait à une vente de vêtements, avec ses amis de l’Action antifasciste (AFA). Là-bas, le petit groupe de militants est pris d’assaut par un groupuscule d’extrême-droite. Esteban Morillo, l’un des membres, porte un coup à Clément. Il sera fatal.
"C'est dans ce contexte que la mort de Clément nous apparaît. C'est à dire, qu’on la voit effectivement liée à une montée de l'extrême droite de rue, celle qui choisit la rue et la violence physique pour s'exprimer", déplore Claire dans Les Voix du Crime. Très vite, les choses s’enchaînent : le meurtre de Clément devient médiatique et politique.
Pour Claire et ses camarades, il faut prendre les devants. "Il va falloir parler à la presse et on va rédiger très vite un premier communiqué", poursuit-elle. L'affaire interpelle et est relayée en masse. Les versions sur les circonstances de la mort de Clément tergiversent. Le meurtre du jeune militant amène une mobilisation "impressionnante". Le 8 juin et le 23 juin 2013, deux grandes manifestations ont lieu à Paris. Plus de 10.000 personnes y participeront. "Je crois qu'en tant que militante syndicale moi-même, je n'avais pas souvenir d'un précédent, pour moi c'était inédit."
Je crois qu'en tant que militante syndicale moi-même, je n'avais pas souvenir d'un précédent, pour moi c'était inédit
Claire Cosquer, amie de Clément Méric
Les agresseurs de Clément se révèlent tous membres du groupuscule Troisième Voie, dissout le mois suivant la mort de Clément. Un groupe dirigé par le militant d'extrême-droite Serge Ayoub, ancien dirigeant des Jeunesses nationalistes révolutionnaires. Malgré la dissolution de l’organisation, Claire Cosquer reste vigilante. "Le problème de la dissolution, est qu'elle n'empêche pas la reformation."
Sur les sept agresseurs, trois sont poursuivis pour le meurtre de Clément : Esteban Morillo, Alexandre Eyraud et Samuel Dufour. Claire se souvient d'ailleurs parfaitement de la première fois qu'elle les a vu. Lors du procès en première instance. "Ils arrivent et ils ont changé. Physiquement, leurs cheveux ont poussé (…) Ils n'en sont pas moins inoffensifs, mais ils font moins peur. Ils sont habillés de façon à ce qu'on ne voit pas leurs tatouages et certains des tatouages ont été recouverts."
Les deux ou trois années qui ont suivi, ça a décuplé mon engagement militant
Claire Cosquer, amie de Clément
Condamnés à la prison ferme, Esteban Morillo et Samuel Dufour font appel du verdict. Alexandre Hérault, lui, est acquitté. Un deuxième procès s'organise. Un procès auquel Claire Coquer refuse de participer. "J'ai été envahie d'un grand découragement à l'idée de devoir entendre les mêmes débats, de devoir vivre ce moment là une deuxième fois", confie-t-elle. En 2021, Esteban Morillo et Samuel Dufour sont définitivement condamnés en appel, à huit et cinq ans de réclusion criminelle.
Après toutes ces épreuves, Claire a du repenser son engagement. "Les deux ou trois années qui ont suivi, ça a décuplé mon engagement militant (…) Et puis j'ai pris du recul, notamment parce que ça créé une une fatigue profonde et donc dure vis à vis de cet engagement", explique la militante. Aujourd'hui, Claire Cosquer n'oubliera jamais son ami et garde "le souvenir d'un jeune militant très curieux" et de quelqu'un qui lui a "beaucoup apporté".
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