Affaire Clément Méric : comment la vidéo-surveillance a joué un rôle clé dans l'enquête

Le 5 juin 2013, Clément Méric, jeune militant se rend à une vente de vêtements, avec ses camarades de l'AFA, l'Action Antifasciste. À la sortie, un groupuscule néonazi les assaille. Clément meurt d'un coup mortel porté par l'un de ses membres, Esteban Morillo. En quelques minutes seulement, la vie du jeune homme s'arrête.

Et pour la famille de la victime, tout bascule. Quelques jours après le meurtre de leur fils, Agnès Méric, la mère de Clément, et son mari se rendent à Paris puis à Brest, disperser les cendres de leur fils. Le lendemain des obsèques, la nouvelle tombe. 

"On rentrait vers chez nous et on a entendu à la radio ce scoop sur RTL, qui annonçait que la police avait mis la main sur une vidéo qui finalement montrait que les choses ne se sont pas passées comme on l'avait dit jusqu'alors. RTL a commencé à parler d'un contexte de bagarre générale et que dans le cadre de ce contexte, Clément est arrivé par derrière, alors que Morillo se battait contre deux autres des camarades, et Morillo se serait retourné. Les médias ont repris cette affirmation de RTL en oubliant le début de la phrase, c'est à dire le contexte de bagarre générale. Et de fil en aiguille, on en est arrivé à l'idée que c'est Clément qui avait pris l'initiative de l'agression", déplore Agnès.

Grâce à cette vidéo, on a pu établir que ce sont les skinheads qui sont allés à la rencontre du groupe antifa

Agnès Méric, la mère de Clément

Pour les proches de Clément, le choc de l'annonce s'ajoute au deuil. Et les choses empirent. Le soir même, l'information est diffusée à la télé : une séquence dont se souvient parfaitement la mère du défunt. "On a vu sur France 2 un reportage d'Hugo Clément avec une infographie, dans laquelle on voyait Esteban Morillo tranquillement dans une rue tout seul, les mains sur les hanches. Et puis, arrivant de loin par derrière, Clément, qui avait l'intention manifeste de frapper Morillo. Morillo se retourne, frappe et Clément s'écroule. Donc là, on a été sidéré par cette infographie qui était quelque chose d'absolument ahurissant par rapport à ce que nous, on avait entendu dire."

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En réalité, la vidéo source, filmée par une caméra de la RATP, va être réexaminée, puis contredire la version relayée en masse dans les médias. "Cette vidéo, je dirais presque qu'elle a a été miraculeusement utile, contrairement à ce que dans un premier temps, on a voulu lui faire dire (…) grâce à elle, on a pu établir que, véritablement, ce sont les skinheads qui sont allés à la rencontre des du groupe antifa qui ne bougeait pas, qui était tranquillement dans son coin, au pied de l'église Saint-Louis d'Antin", explique la mère de Clément.

Pour autant, les doutes demeurent quant à la déformation médiatique de la séquence. "On imagine qu'il doit y avoir une origine policière. À ce moment là il n'y avait pratiquement que la police et les enquêteurs qui avaient eu accès à la vidéo et à l'interprétation des images. Et il s'est passé quelque chose d'assez surprenant, c'est que les juges d'instruction ont dessaisi le service de police judiciaire, qui était chargé de l'enquête, pour confier l'enquête à la brigade criminelle juste après ces divulgations (…) les juges d'instruction aussi devaient penser qu'il y avait eu des fuites." 

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