D'anciens élèves de l'établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, situé entre Lourdes et Pau, ont témoigné de l'enfer qu'ils y ont vécu. Pour de nombreux enfants du Sud-Ouest, Bétharram était un épouvantail. "Sois sage, sinon Bétharram", "fais un effort en maths ou bien c'est Bétharram". L'établissement était synonyme de terreur, de dureté, de filer droit.
On en avait peur, on partageait des bruits, des rumeurs sur l'endroit. Personne n'imaginait ce qui se passait vraiment derrière les murs de l'établissement, posé depuis 1837 au bord du Gave de Pau, dans ce petit village au pied des montagnes.
Le journal Le Monde a consacré une grande enquête à Bétharram en donnant la parole aux victimes. Elles n'ont rien oublié de leur enfance volée. L'une d'entre elles parle "d'un des plus gros scandales de pédophilie des cinquante dernières années". Les anciens élèves ont raconté les jours où ils se plaquaient contre les murs pour éviter les caresses sur les fesses des prêtres.
Ils n'ont rien oublié des nuits, ces dortoirs avec 50 lits alignés, ces taies d'oreillers aux tissus râpeux dans lesquels ils étouffaient leurs sanglots. Olivier, 53 ans, n'avait que 11 ans au début des années 1980. Il était régulièrement réveillé par un surveillant. "Il me mettait sur ses genoux, je sentais son sexe. Puis, il m'embrassait. Je me souviens de sa moustache et de son haleine dégueulasse. Puis, il me masturbait et me faisait des fellations. Je me disais que c'était juste un mauvais moment à passer", s'est-il souvenu.
Eric, 55 ans, a parlé du prêtre qui l'a violé pendant trois ans. "Quand je voyais sa lampe arriver dans le couloir, je me disais juste 'pourvu que ça ne tombe pas sur moi cette fois'", a confié l'homme qui a ajouté : "J'ai une violence inouïe en moi encore maintenant".
Ils décrivent des viols, des agressions sexuelles et un climat de violence généralisé. L'un des exemples des nombreuses humiliations : la punition du "perron". Des enfants étaient contraints de rester dehors, la nuit, en pyjama, dans le froid, avant de sonner les cloches à 7h du matin pour réveiller les autres. "Je suis allergique aux cloches aujourd'hui. Ça me rappelle trop de mauvais souvenirs" a avoué Thierry, un autre ancien élève.
"Aujourd'hui, l'établissement a perdu de sa superbe" écrit Le Monde. L'institution religieuse a changé de nom. Notre-Dame de Bétharram s'appelle depuis 2009 le Beau Rameau et environ 500 élèves occupent toujours le terrain et ses bâtiments défraichis.
Mais que se passe-t-il encore dans ce décor de pierres ? Au mois de février 2024, un surveillant qui travaillait à Bétharram depuis près de quarante ans a été suspendu, après plusieurs plaintes. Des dizaines de plaintes ont été déposées, mais peu semblent pouvoir échapper à la prescription. Ainsi, le silence de Bétharram n'est pas encore totalement brisé.
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