Cela fait deux ans maintenant que l'instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (INIRR), créée à la demande des évêques de France, étudie les demandes des victimes de pédophilie dans l'Église. La particularité de l'instance, c'est que chaque victime est accompagnée par un référent, spécialisé dans l'écoute, pour constituer son dossier.
À ce jour, 527 personnes ont reçu de l'argent pour un montant total qui dépasse 18 millions d'euros. La réparation financière est plafonnée à 60.000 euros. Le montant moyen individuel est de 36.000 euros. Au-delà des sommes d'argent, l'INIRR propose au personnes victimes des démarches restauratives personnalisées en fonction de leurs besoins.
Pierina, 63 ans, n’oubliera jamais le moment où elle a reçu l’appel de la secrétaire générale de l’INIRR pour l’informer de la décision rendue dans son dossier. Elle se voit attribuer le montant maximal, 60.000 euros.
"J’ai suis tombée, j'ai juste eu le temps de trouver une chaise", cette décision fait du sens, dit-elle à RTL, "le cursus est au maximum, cela veut dire : on a compris ma souffrance", murmure Pierina. Elle avoue qu'avant elle trouvait que l'argent n’avait pas de sens dans cette affaire, mais elle a changé d'avis. C'est pour elle, l'aboutissement d'un très long calvaire depuis les viols dans sa petite enfance par un prêtre ami de ces parents.
La réparation financière est plafonnée à 60.000 euros et le montant moyen individuel à ce jour est de 36.000 euros. 42% des sommes attribuées à ce jour sont dans la fourchette haute entre 40.000 et 60.000 euros, 45% entre 20.000 et 40.000 euros et 13% moins de 20.000 euros.
En 2 ans, près de 1.400 personnes se sont adressés à l'INIRR, l'Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et de Réparation créé à la demande des Évêques dans la foulée du rapport Sauvé. Pour l'instant, 540 dossiers ont pu être étudiés.
Francis, artiste peintre installé à Annecy, attache beaucoup d'importance à la lettre, formelle, qui lui a remis l'INIRR pour lui notifier la reconnaissance de ce qu'il a vécu. Cela va me permettre d'avancer, d'aller plus loin, il parle de "renaissance à 70 ans" ! Violé à répétition par un prêtre quand il chantait - enfant - de le choeur de la Notre-Dame de Paris, Francis a vécu une longue amnésie traumatique. L'argent ? c'est important aussi, dit-il, parce qu'il faut faire payer l'Église que ça lui fasse "un peu mal".
Depuis février 2022, l'INIRR répond donc aux demandes des personnes victimes. Pour chacune d'elle, un référent est désigné, un dossier est constitué et un collège d'experts délibère pour rendre une décision de reconnaissance et de réparation. L'âge moyen des personnes qui contactent l'INIRR est autour de 60 ans, en majorité des hommes, mais le nombre de femmes augmente.
Le collège est composé 12 membres expérimentés dans les domaines du psycho-traumatisme, du médicosocial, de la justice, de la protection de l'enfance. Et il y a 15 référents en charge de l'accompagnement des victimes, ce sont des professionnels de l'écoute.
Au-delà de la réparation financière, le collège d'experts de l'INIRR valide des démarches restauratives, des démarches choisies par les victimes pour aller plus loin, pour essayer d'aller mieux. Cela peut être rencontrer un représentant de l'Église pour poser des questions, bénéficier d'une médiation familiale pour renouer le dialogue avec des proches.
Philippe, 67 ans, a souhaité, lui, écrire une lettre au prêtre qu'il l'avait agressé quand il était collégien. Il l'a lue sur sa tombe et l'a brûlée en présence de l'évêque de Quimper, de sa famille et de deux autres victimes. Qu'a t il ressenti ? Un grand soulagement. "Le visage de cet homme ne me revient plus en tête, je ne culpabilise plus, je suis libéré".
Francis, Pierina, Philippe saluent tout particulièrement la qualité d'écoute dont ils ont bénéficié de la part de leur référent. La personne victime et son référent, ensemble, explorent les trois axes qui seront examinés par le collège des experts pour fixer le montant de la réparation : les faits, l'attitude de l'Eglise, et les conséquences des faits.
Et ensemble, ils rédigent une synthèse : le récit d'une vie abimée qui peut - peut être - être une peu réparée. Laure l'un des référente, présente depuis les débuts de l'INIRR raconte qu'un monsieur lui a dit au beau milieu d'un entretien "Vous savez, ce que vous faites là, c’est du rendu de dignité."
Pour joindre l'INIRR, il vaut passer par le site internet ou écrire à contact@inirr.fr
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