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Affaire Albert Soleilland : comment ce meurtrier a échappé à la peine de mort il y a plus d'un siècle

PODCAST - Le 31 janvier 1907, Marthe Erbelding, 11 ans, disparaît à Paris. Son corps est retrouvé dans une consigne de la gare de l’Est. Derrière ce crime sordide se cache un voisin, Albert Soleilland. Condamné à la peine de mort, le tueur est gracié par le président de la République de l'époque.

Albert Soleilland

Crédit : Archive

Jeanne Rouxel

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En janvier 1907, la presse s'empare d'une affaire criminelle sordide, celle d'une enfant de 11 ans, sauvagement assassinée par l'un de ses voisins, Albert Soleilland, un père de famille. Le crime divise l'opinion publique, plus particulièrement par l'issue qu'il connaît : son meurtrier, condamné à mort, est gracié par le président de la République de l'époque, un abolitionniste. 

Le 31 janvier de cette année, Marthe Erbelding, 11 ans, passe l'après-midi chez une voisine de rue et amie proche de ses parents, Julienne Soleilland. Ce jour-là, cette dernière doit malencontreusement s'absenter et confie la garde de l'enfant à son mari, Albert Soleilland. Cette situation, on ne peut plus banale, va pourtant se transformer en scénario d'horreur : la petite fille disparaît mystérieusement, en plein cœur de Paris. 

Paniqués, les parents de l'enfant disparue alertent le commissariat le plus proche. Albert Soleilland explique aux policiers avoir emmené la petite fille à un spectacle. Pendant la représentation, l'enfant aurait été prise d'une envie pressante, mais ne serait jamais revenue des cabinets. 

La description de l'enfant est aussitôt diffusée dans la capitale. En parallèle, le discours confus de l'interrogé intrigue les enquêteurs. Aucun témoignage ne conforte sa version, bien au contraire. Personne n'a croisé le chemin de cet homme et cette enfant, cet après-midi là. 

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Affaire Soleilland : le fait divers qui ébranla la République

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Jean-Marc Berlière, historien spécialiste de l'histoire de la police, revient sur les débuts du dossier dans l'émission de L'Heure du crime dédiée à l'affaire Soleilland. 

"Il y a trop d'incohérences dans son propos, il y a trop d'invraisemblances, il ne s'est pas donné vraiment de peine pour chercher la petite fille. En revanche, vous avez une affluence de lettres anonymes de dénonciation, tout le monde a vu son voisin, un homme suspect, etc. Donc les enquêteurs envisagent toutes les pistes". 

Enlèvement, réseaux de prostitution… Aucune hypothèse n'est écartée, mais l'étau se ressert sur celui qu'on soupçonne. Un témoignage clé fait basculer l'enquête. Une voisine affirme qu'Albert Soleilland était bien chez lui en compagnie de la fillette, et non au spectacle où il prétend s'être rendu. 
Face aux enquêteurs, Albert Soleilland avoue et explique avoir tué l'enfant sous un coup de folie, avant de dissimuler son cadavre gare de l'Est. La jeune fille a été violée, étranglée et poignardée. 

Une condamnation qui divise

Ce crime sauvage nourrit les pages des journaux. Des obsèques de la fillette au suivi de l'enquête, les journalistes ne perdent pas une miette de cette affaire qui ébranle le pays tout entier. Un autre événement marquant assure les couvertures médiatiques : le procès d'Albert Soleilland. Condamné à mort, l'homme est gracié par le président de la République, Armand Fallières, un abolitionniste. Une décision qui choque l'opinion. 

Sollicité par les journaux, le public est unanime. "Il y a, grosso modo, 1.300.000 personnes pour la peine de mort contre 300.000 autres", rapporte Jean-Marc Berlière. Malgré les chiffres, les données rapportées par les médias n'ont, à cette époque, aucune valeur constitutionnelle. 

"Évidemment la peine de mort n'est pas abolie, il va falloir attendre 73 ans pour que Robert Badinter fasse voter l'abolition de la peine de mort au début du septennat de François Mitterrand" précise l'historien. "Albert Soleilland est entré dans l'Histoire, non pas parce qu'il est, malheureusement, un assassin de petite fille, ce qui est, j'allais dire, assez banal. Mais parce que ça a fait reculer l'abolition de la peine de mort", conclut l'historien. 

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