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Boualem Sansal écrivain franco-algérien incarcéré en Algérie.
Crédit : JOËL SAGET / AFP
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Alors que le procès en appel de l'écrivain Boualem Sansal s'est achevé le mardi 24 juin 2025, l'avocat de l'écrivain n'était pas présent, celui-ci n'ayant jamais réussi à obtenir son visa. Officiellement, le vice-consul d'Algérie était absent, ne laissant personne pour tamponner son passeport.
Boualem Sansal s'est donc retrouvé seul face au juge. Il est arrivé à la barre, amaigri, cheveux courts, lui qu'on a toujours vu avec une longue tignasse. Celui-ci a désormais 75 ans, il a le cancer.
Il a beau ne pas avoir de défenseur, il n'est pas sans défense. L'audience n'a duré que dix minutes, mais Boualem Sansal n'a rien lâché, c'est ce que rapporte Le Point en citant un journaliste algérien, l'un des rares présents sur place. Dix minutes ont été nécessaires pour la juge afin de rappeler à l'accusé qu'il ne faut pas se moquer des symboles de la République.
"En quoi je me suis moqué ?", répond Boualem Sansal. La juge évoque alors un message retrouvé sur son téléphone : "Heureusement, nous possédons du pétrole et Chengriha", désignant le chef d'état-major de l'armée algérienne.
Boualem Sansal persiste, demandant "en quoi c'est insultant ?", pas de réponse. On lui parle alors des frontières avec le Maroc, un sujet hautement inflammable. Les deux pays sont en conflit au sujet du Sahara occidental. Dans une interview, Boualem Sansal a affirmé que la France coloniale avait redessiné ses frontières au profit de l'Algérie. L'écrivain assume que c'est un fait historique et la juge change de sujet, charge à nouveau. "Pourquoi vous vous êtes rendu en Israël ?", demande celle-ci. "Je suis un écrivain, c'est un salon du livre", répond Boualem Sansal.
"Et vous n'avez pas d'autres choses à écrire que dire du mal dire de l'Algérie ? Pourquoi vous n'écrivez pas autre chose ?", interroge la juge. "Vous n'avez pas à juger mes livres", s'emporte le poète, "je proteste. Ce que vous dites n'a pas de sens. La constitution algérienne garantit la liberté d'expression".
"Vous faites le procès de la liberté d'expression, le procès de la littérature", affirme Boualem Sansal avant que les réquisitions ne tombent lourdement. Il écope ainsi de dix ans de prison, deux fois plus que sa condamnation en mars 2025. Seul espoir pour lui : une grâce présidentielle.
Le verdict de son procès est prévu le 1ᵉʳ juillet 2025, quelques jours avant la fête nationale. D'ici là, les conditions de détention de Boualem Sansal sont extrêmement difficiles. Il est incarcéré depuis 220 jours à Koléa, à l'ouest de l'Algérie, là où croupissent tous les pontes de l'ancien régime, tous les opposants au pouvoir en place. Là, les prisonniers n'ont plus de nom, plus de prénom. Juste un numéro d'écrou dans un registre de plus de 2.000 détenus.
Son univers est une cellule de 9 mètres carrés, un lit, des toilettes turques, une télé et une ampoule allumée 24 heures sur 24. Les détenus nettoient eux-mêmes leurs cellules. La nourriture est "tellement infecte qu'on n'y touche quasiment pas", affirme un journaliste passé par là.
Il ajoute, ceux qui sortent de Koléa "prennent dix ans d'âge à cause de ça, de l'angoisse et de la déprime". Dix ans, c'est déjà ce que risque Boualem Sansal, à son âge, dans son état, dix ans, pourraient représenter une condamnation à mort.
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