La visite du président syrien à l’Elysée a beaucoup fait jaser, celle-ci a bien évidemment une face cachée, à savoir une histoire de business. La Syrie est détruite et il faut la reconstruire et il faut trouver de l'argent.
Pas à court terme, car comme vous le savez, la Syrie est exsangue après 13 ans de guerre, mais à moyen terme oui. Or, sur un marché de la reconstruction à plusieurs centaines de milliards, les places se préemptent dès maintenant.
Petite anecdote, le 3 janvier, lorsque Jean-Noël Barrot, notre ministre des Affaires étrangères, fait connaissance à Damas avec Ahmed al-Charaa, il est en compagnie de sa collègue allemande Mme Baerbock. Celle-ci va énerver les Français en prononçant quatre fois le nom de Siemens, la grande compagnie allemande qu’elle cherche à placer auprès du nouveau maître de la Syrie.
Plus récemment, une semaine avant cette visite controversée d’Ahmed al-Charaa à Paris, un événement est passé quasiment inaperçu : l’ancien djihadiste, qui a rompu avec le terrorisme, a supervisé la signature d’un contrat avec le géant français de la logistique CMA CGM, géant aux mains de la famille Saadé, une famille d’origine syrienne.
Son patron Rodolphe est un ami d’Emmanuel Macron qui avait déjà fortement poussé son entreprise à remporter un marché au port de Beyrouth il y a quelques années. Là, c’est l’exploitation du port de Lattaquié pour 30 ans qui a été conclue. Mais il faut ajouter que CMA CGM n’avait jamais vraiment quitté la Syrie, même du temps de Bachar el-Assad, et ce contrat était en négociation avant même la chute du dictateur.
De là à dire que la visite d’Ahmed al-Charaa est une récompense pour cette signature, il n’y a qu’un pas.
Alors ce n’est pas la seule raison, même si comme on le dit au Moyen-Orient, il n’y a aucun deal gratuit. Emmanuel Macron a quand même, le premier en Europe, offert un début de reconnaissance internationale à l’ancien djihadiste. Il y a aussi TotalEnergies qui voudrait revenir en Syrie.
Des contacts auraient déjà été pris avec Damas. TotalEnergies lorgne des gisements de gaz prometteurs près de Palmyre et à l’est de Homs, et il se trouve que l’état syrien lui doit de l’argent sur d’anciens contrats de partage de production. L’entourage d’Emmanuel Macron pousse au retour des entreprises françaises. Lors de la lune de miel entre Nicolas Sarkozy et Bachar el-Assad entre 2008 et 2010, Carrefour, Monoprix, Vinci et la SNCF étaient déjà dans les starting-blocks. Lafarge aussi avant d’avoir de gros ennuis, accusé d’avoir financé les djihadistes pour rester dans le nord de la Syrie.
Ahmed al-Charaa est sans le sou et la France, crise oblige, a drastiquement réduit ses dons. Dans l’immédiat, il y a urgence à lever les sanctions européennes et américaines qui empêchent la Syrie de redécoller.
On retrouve donc Emmanuel Macron qui plaidera le 1er juin pour une levée des sanctions européennes, comme celui-ci l'a précisé le 7 avril. Bref, la France a des intérêts économiques en Syrie. Il faut espérer qu'Ahmed al-Charaa se souviendra du geste d’Emmanuel Macron lorsqu’il attribuera des contrats. Des contrats étant souvent au Moyen-Orient à forte coloration politique.
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