La Russie a placé, jeudi 30 mars, en détention provisoire le journaliste américain du Wall Street Journal, Evan Gershkovich, qu'elle accuse d'espionnage. Un cas sans précédent dans l'histoire récente du pays, qui suscite la "préoccupation" des États-Unis. L'arrestation du journaliste Evan Gershkovich intervient dans un contexte de répression accrue en Russie contre la presse depuis l'offensive contre l'Ukraine, qui a fortement tendu les rapports entre Moscou et Washington.
Les services de sécurité russes (FSB) ont annoncé jeudi que le reporter avait été arrêté à Ekaterinbourg, dans l'Oural, pour des soupçons d'"espionnage", le Kremlin assurant qu'il avait été pris en "flagrant délit". Evan Gershkovich, un reporter russophone âgé de 31 ans et reconnu pour sa rigueur, a nié les accusations portées contre lui lors d'une audience devant un tribunal de Moscou, selon l'agence de presse étatique russe Tass. Le journaliste américain a néanmoins été placé en détention provisoire jusqu'au 29 mai, une mesure qui peut être prolongée dans l'attente d'un éventuel procès.
Selon Tass, l'affaire a été classée "secrète", ce qui restreint la publication d'informations à son sujet. Les services de sécurité russes disent le soupçonner d'"espionnage au profit des États-Unis", l'accusant notamment d'avoir collecté des informations "sur une entreprise du complexe militaro-industriel" russe. Selon l'article 276 du code pénal russe, le journaliste risque en théorie jusqu'à 20 ans de prison.
Avant de rejoindre le quotidien américain en 2022, Evan Gershkovich a été un correspondant de l'Agence France-Presse à Moscou, et avant cela, du journal en langue anglaise Moscow Times. Il est d'origine russe et ses parents résident aux États-Unis.
La Maison Blanche a fustigé une arrestation "inacceptable", tandis que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s'est dit "extrêmement préoccupé". Sur son site, le Wall Street Journal a appelé à libérer son journaliste et a "démenti avec force" les accusations d'espionnage. "Les actions du gouvernement russe pour réprimer et harceler les journalistes sont inacceptables et reflètent le mépris total de [Vladimir] Poutine pour les libertés fondamentales", a dénoncé l'ambassadrice britannique aux États-Unis, Karen Pierce.
Même réaction de la part des ONG internationales. "La Russie a franchi le Rubicon et clairement signalé aux correspondants étrangers qu'ils ne seront pas épargnés par la purge en cours contre les médias indépendants", a réagi le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York. Reporters sans frontières a dit s'"alarmer" de "ce qui semble être une mesure de représailles".
Pour l'analyste russe indépendante Tatiana Stanovaïa, cette arrestation résulte d'une "décision réfléchie du Kremlin" qui veut s'en servir comme "otage" pour "faire pression" sur le président américain Joe Biden pour entamer des discussions en vue d'un échange de prisonniers.
Si la presse et les journalistes russes critiques du Kremlin sont souvent poursuivis, les journalistes étrangers ont eux été épargnés, Moscou ayant préféré expulser des correspondants et durcir les règles d'accréditation. Des reporters étrangers sont aussi parfois suivis par les services de sécurité lors de leurs reportages, notamment en dehors de Moscou. Dans ce contexte, de nombreux médias occidentaux ont fortement réduit leur présence en Russie depuis l'entrée des forces russes en Ukraine.
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