Qu'est-ce que le Jihad islamique, accusé par Israël d'être à l'origine de l'explosion sur un hôpital de Gaza ?

Le Jihad islamique est une organisation armée palestinienne assez méconnue. Elle est soutenue par l'Iran, et considérée comme terroriste par les Occidentaux.

Des militantes du Jihad islamique lors d'une manifestation à Gaza en octobre 2010 (image d'illustration).

Crédit : MOHAMMED ABED / AFP

Je m'abonne à la newsletter « Infos »

Le mouvement du Jihad islamique est une organisation armée soutenue par l'Iran et considérée comme terroriste par plusieurs pays occidentaux. L'État d'Israël l'a accusé d'être à l'origine de l'attaque d'un hôpital de Gaza mardi 17 octobre au soir.

Tsahal affirme qu'elle détient les preuves "basées sur des renseignements, des systèmes opérationnels et des images aériennes" que l'organisation islamiste est à l'origine de l'opération. De son côté, le Jihad islamique accuse réciproquement l'armée israélienne, comme le fait le Hamas.

Selon la professeure en relations internationales à l’Université internationale Schiller Myriam Benraad interrogée par L'Express, il y a de grandes chances que le Jihad islamique ait été partie prenante de l'attaque du 7 octobre. Ses membres défilaient dans la rue la veille de l'attaque du Hamas contre Israël, le 6 octobre, pour commémorer les 36 ans de leur création. Mais alors, qu'est-ce que cette organisation qui fait couler de l'encre en ce moment ?

Les origines du mouvement

L'organisation a été créée en 1981 par des étudiants de l'Université islamique de Gaza, anciens membres des Frères musulmans. Ceux-ci ont estimé que l'organisation dont ils faisaient partie était "trop modérée dans sa lutte pour les Palestiniens", explique le chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) David Rigoulet-Roze, à nos confrères de BFMTV.

L'étudiant le plus célèbre à l'origine de cette organisation armée s'appelle Fathi Shiqaqi, un Palestinien formé à la médecine en Égypte. Selon Public Sénat, le Mouvement du jihad islamique palestinien (MJIP) est "en partie inspiré par le modèle iranien et la révolution de 1979". Contrairement au Hamas ou au Fatah, le mouvement islamiste n'a jamais participé à des élections, à l'exception des législatives de 1996. Il agit spécifiquement à travers la lutte armée, via les brigades Al-Qods, fondées en 1992.

La différence entre ce groupe armé et d'autres organisations réside dans le fait qu'il se proclame révolutionnaire, et ne s'impliquent pas dans l'action sociale comme le fait le Hamas. Ce n'est pas un mouvement islamiste classique, dans le sens où il a un "héritage idéologique pluriel, voire hétéroclite", d'après François Ceccaldi, chercheur au Collège de France et spécialiste du monde arabe, interrogé par Public Sénat.

Une organisation "islamo-révolutionnaire" et nationaliste

Le Jihad islamique a pour but "la destruction d'Israël par des moyens violents" selon le think tank Conseil pour les relations internationales, cité par BFMTV. Il compte "rétablir un État palestinien souverain et islamique", en reprenant le tracé des frontières de la Palestine d'avant 1948. Plusieurs États comme l'Union européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, l'Australie ou Israël le considèrent comme une organisation terroriste.

Anwar Abu Taha, qui était membre de la direction du bureau politique du Jihad islamique palestinien en 2007, définit le groupe comme ayant une "dimension nationaliste, une inspiration islamique" et le qualifie de "mouvement de libération", comme le rapporte le site Religioscope.

Des actions violentes

Le groupe est dirigé par Ziyad al-Nakhalah, un ancien membre du Front de libération arabe condamné à la prison à vie par Israël, élu en 2018. Selon le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), l'organisation est financée par l'Iran. Elle a commis plusieurs attentats-suicides et a rejeté les accords d'Oslo en 1993. Par ailleurs, elle a gagné en popularité auprès des Palestiniens, notamment les plus jeunes, à Gaza comme en Cisjordanie, depuis les intifadas entre 1987 et 1993.

Plus récemment, elle a revendiqué une infiltration en Israël deux jours après l'attaque du Hamas depuis la frontière libanaise, et détiendrait 30 otages à Gaza, à en croire les déclarations de Ziyad al-Nakhalah rapportées par le média The Times of Israel.

La rédaction vous recommande