Présidentielle USA : après le désistement de Joe Biden, Kamala Harris sera-t-elle la prochaine présidente américaine ?

"Je crois qu’il est dans l'intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur mes fonctions". Dans une lettre adressée aux électeurs dimanche 21 juillet, Joe Biden, actuel président des États-Unis, a annoncé qu'il renonçait à briguer un second mandat à la tête du pays. Il a ensuite apporté son soutien à sa vice-présidente Kamala Harris pour le remplacer face au Républicain Donald Trump.

À trois mois de l'élection, qui se tiendra en novembre prochain, le temps n'est pas à son avantage, mais Kamala Harris a affirmé sa motivation dans un communiqué publié dans la foulée. "Mon intention est de mériter et de remporter cette nomination", a-t-elle écrit. "Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour unifier le Parti démocrate – et unir notre nation."

En 2020, avec la victoire de Joe Biden dans la course à la Maison-Blanche, Kamala Harris entrait dans l'Histoire des États-Unis en devenant la première femme et première personne noire à accéder à la vice-présidence. Fille d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, cette Américaine de première génération a également été un atout majeur pour attirer un électorat plus divers, qui avait soif de se voir mieux représenté au sommet du pouvoir. Kamala Harris n'a aujourd'hui jamais été aussi proche de la fonction suprême, mais qu'en est-il de ses chances d'y accéder ?

Elle a une visibilité, une légitimité que peut-être d'autres de ses potentiels concurrents n'ont pas

Alexis Buisson, correspondant aux USA pour "La Croix"

À la mi-mandat, en 2023, le journaliste Alexis Buisson faisait part de son analyse dans le podcast Une lettre d'Amérique : "Elle aurait un avantage par rapport à d'autres candidats potentiels, du fait de sa position dans le gouvernement Biden. Vice-présidente, ça vient avec tout un tas d'avantages, médiatique, institutionnel, etc. Donc elle a une visibilité, une légitimité que peut-être d'autres de ses potentiels concurrents n'ont pas. Mais bon, elle reste contestée chez certains démocrates qui trouvent qu'elle n'imprime pas, qu'elle aurait du mal à devenir présidente en surmontant l'obstacle du sexisme, en surmontant l'obstacle du racisme. Ça reste quand même des réalités non négligeables aux États-Unis." 

Dans les faits, Kamala Harris a déjà occupé la fonction de présidente. Au mois de novembre 2021, Joe Biden était placé sous anesthésie pour une coloscopie de routine. Pendant 85 minutes exactement, ses pouvoirs ont été transférés à Kamala Harris. C'était déjà arrivé dans l'histoire américaine, mais cette fois-ci avait une portée symbolique, car il s'agissait de la première femme à assumer les pouvoirs présidentiels.

À mon avis, il ne faut pas la sous-estimer

Alexis Buisson, correspondant aux USA pour "La Croix"

De sa première candidature au poste de procureur du district de San Francisco (Californie) à son arrivée à la vice-présidence, Kamala Harris n'a jamais perdu une élection - mise à part la primaire démocrate de 2019-2020. "Il y a un adjectif qui m'est revenu assez souvent, en parlant avec des gens autour d'elle et en retraçant son parcours, c'était 'sous-estimée', rapporte Alexis Buisson. À mon avis, il ne faut pas la sous-estimer. C'est facile de penser qu'elle est effacée. Je pense que c'est quelqu'un d'extrêmement méticuleux, qui a un passé de procureur, qui a l'habitude de potasser ses dossiers, qui est très stratégique. On va voir quel sera son destin, mais à mon avis, tout est ouvert à ce stade."

Kamala Harris sera confrontée au choix des délégués Démocrates lors de la Convention du parti qui se tiendra du 19 au 22 août à Chicago. Même si elle a reçu le soutien de nombreuses figures du camp présidentiel, sa désignation n'est pas encore assurée.

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