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Pourquoi une "canicule marine" inquiète dans l'océan Atlantique

Une canicule marine provoque des anomalies de plus de 5 degrés au large des îles britanniques. Les conséquences sur la biodiversité pourraient être désastreuses.

L'océan Atlantique pris au large de l'île de Madère

Crédit : Eigirdas / Flickr

OCÉANS - Pourquoi une "canicule marine" inquiète dans l'Atlantique

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Julien Ricotta & AFP

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Une canicule inédite frappe actuellement les eaux de l'Atlantique. L'océan subit en ce mois de juin des épisodes caniculaires particulièrement forts du sud de l'Islande jusqu'en Afrique, avec des anomalies de températures de plus de 5°C au large des îles britanniques. Ce phénomène extrême, qui suscite une vive inquiétude, va provoquer selon les scientifiques une hécatombe invisible d'espèces marines. 

Une canicule similaire avait touché les eaux de la Méditerranée l'an dernier, avec notamment une différence de plus de 6 degrés par rapport à la normale au large de Marseille à la mi-juillet 2022 et des conséquences sur une cinquantaine d'espèces marines. Des épisodes qui pourraient bien se reproduire dans les années à venir, avec encore plus de force, en raison du réchauffement climatique. 

Que disent les scientifiques ?

Le réchauffement de l'Atlantique n'est pas une exception. Entre les mois de mars et mai, la température moyenne à la surface des océans a en effet atteint un record absolu en 174 ans de mesures, dépassant de 0,83°C la moyenne du XXe siècle, selon les données de l'Administration océanographique américaine NOAA. Cette vague de chaleur marine, avec une température dépassant 23°C dans l'Atlantique Nord, ne surprend donc pas complètement les scientifiques, qui savent que les océans absorbent 90% de la chaleur générée par l'effet de serre. 

Mais la localisation de ce phénomène a pris de court les spécialistes. "De telles anomalies de températures dans cette partie de l'Atlantique Nord, c'est du jamais vu", souligne Daniela Schmidt, professeure en Sciences de la Terre à l'Université de Bristol, citée par le Science Media Centre britannique.

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"Ce qui est une surprise, c'est que ça va extrêmement vite", appuie également Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherches au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et corédacteur d'un rapport du Giec (experts climat de l'ONU).

Quelle est son origine ?

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce phénomène extrême, comme la réduction des poussières sahariennes transportées par le vent ou celle des émissions de souffre des navires, deux types d'aérosols qui ont en temps normal un effet refroidissant sur l'atmosphère. Mais "ça reste à l'état d'hypothèses", estime Jean-Baptiste Sallée, océanographe et climatologue au CNRS.

Quant au phénomène El Niño, qui provoque un réchauffement des eaux pendant six à neuf mois et qui se produit environ tous les cinq ans, il semble trop peu développé pour avoir une incidence sur l'Atlantique Nord. "On s'attendrait plutôt à un effet au printemps prochain", explique Juliette Mignot, océanographe à l'IRD (Institut de recherche pour le développement).

La chercheuse envisage une possible "modification des courants marins" ou un phénomène météorologique qui se superposerait au réchauffement climatique. L'origine de cette canicule marine reste donc, pour le moment, indéterminée. 

Quels risques pour la biodiversité ?

Quelle que soit l'origine de cette canicule océanique, les scientifiques s'attendent à ce qu'elle provoque des "mortalités massives" d'espèces marines, notamment des coraux et des invertébrés. Mais ces conséquences dramatiques, qui se déroulent sous la surface de l'eau, resteront invisibles. 

Lors des canicules en Méditerranéenne, une cinquantaine d'espèces (coraux, gorgones, oursins, mollusques, bivalves, posidonies, etc.) ont été affectées par des "mortalités massives entre la surface et 45 mètres de fond", selon Jean-Pierre Gattuso, coauteur d'un article sur le sujet. D'autres espèces vont plutôt migrer vers les pôles. "Les eaux de la Norvège et de l'Islande vont par exemple devenir plus poissonneuses", au détriment des pays de la zone intertropicale, selon le chercheur.

D'ici à la fin du siècle, le Giec prévoit une multiplication par 50 de la fréquence de ces canicules océaniques dans son scénario le plus pessimiste, avec des épisodes dont l'intensité sera multipliée par dix.

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