Mort du pape François : pourquoi les gardes du Pape et du Vatican sont-ils suisses ?

Les Suisses sont connus pour être neutres et plutôt pacifistes, mais cela n'a pas été toujours le cas. C'était même tout l'inverse jusqu'à la fin du Moyen-Âge, où la Suisse était connue pour ses mercenaires considérés comme les meilleurs soldats du monde après leurs nombreuses victoires face aux armées les plus puissantes d’Europe : celles des Habsbourg en Autriche, du Royaume de Bourgogne et la bataille de Marignan en 1515. 

Ce n'est pas un hasard si en 1505, le pape Jules II demande à la Suisse de lui fournir des hommes pour assurer sa protection. "Les soldats helvétiques, à cause de leur force d'âme, de leurs sentiments nobles et de leur fidélité proverbiale, étaient considérés comme invincibles", indique le site internet de l'armée vaticane. Le 22 janvier 1505, 150 Suisses entrent donc au Vatican et sont bénis par le Pape. C’est la création de la Garde suisse pontificale qui est la plus vieille et surtout la plus petite armée du monde. 

Les missions des gardes

Depuis 1870 et leur défaite face aux troupes italiennes, la Garde suisse ne combat plus sur ce qu’on appelle un front. En 1929, avec la signature des accords du Latran, la Garde suisse est considérée non plus comme "un corps d'armée étranger" mais comme "un simple corps de police".

Elle n’en reste pas moins une armée et chaque soldat, y compris les deux qui surveillent actuellement le cercueil de François, a pour mission de donner sa vie s’il le faut pour protéger la personne physique du pape, vivant ou mort. Ils doivent également sécuriser les frontières du micro État, les Palais du Vatican et des papes de Castel Gandolfo.

Il y avait 150 hommes au départ. On est passé à 100-110 pendant le pontificat de Jean-Paul II pour finir à 135 aujourd’hui. La décision a été prise après les attentats de Paris en 2015. 

Une sélection drastique

Pour intégrer la Garde suisse, les critères de sélection sont très stricts. Il faut être un homme, Suisse, catholique pratiquant, avoir entre 19 et 30 ans et mesurer au moins 1m74. Il faut aussi être en parfaite santé, avoir son permis de conduire, avoir fait son service militaire et être prêt à s’engager pour 26 mois minimum.

Si vous cochez toutes les cases, sachez que l’entretien d’embauche peut durer plus de cinq heures. Le Vatican peut appeler au préalable le curé de votre paroisse pour lui demander de coucher par écrit le fait que vous êtes un bon pratiquant et que vous jouissez "d’une réputation irréprochable". Vous devez aussi parler allemand, qui est la langue officielle de la Garde suisse. Chaque membre touche un salaire de 1.200 euros. 

Un pape aux petits soins avec ses gardes

Vous ne pouvez d’ailleurs pas vous marier pendant les cinq premières années de service, mais après il n'y a plus d'interdiction. Le pape François a même encouragé ses gardes à fonder une famille en 2018. Il avait par exemple lui-même célébré le mariage d’un garde suisse et d’une employée des musées du Vatican. En 2023, on comptait 20 enfants de gardes. Les enfants et épouses des soldats bénéficient de la citoyenneté vaticane. 

Le pape François était aux petits soins avec ses gardes. Nicolas Chervaz, en service de 2012 à 2014, se souvient en particulier d'une matinée où il était posté devant la chambre du pape : "J'avais fini ma garde, il est sorti en tenue ordinaire et il m'a gentiment offert un biscuit. J'étais un peu pris au dépourvu", a-t-il raconté à la presse helvète. 

Alain Miserez, garde de 2009 à 2014, lui se souvient surtout d'un homme accessible qui n'a jamais oublié son pays d'origine : "Le pape était un grand amateur de foot et de l'équipe d'Argentine. Nous entendions parfois les matches depuis sa chambre. C'était très touchant", a-t-il confié. 

À écouter aussi

RTL Matin

VATICAN - Un cardinal condamné pour fraude à l'issue d'un procès exceptionnel

17/12/2023 à 10:33 - 01m23s