C'est un silence qui peut surprendre. Depuis le terrible tremblement de terre qui a frappé le Maroc, le roi Mohammed VI ne s'est pas exprimé publiquement à son peuple. Depuis samedi 9 septembre, seul un cliché du monarque a été diffusé sur lequel on le voit assister à une réunion de crise sur la réponse à apporter au drame qui touche actuellement le pays. Une situation qui ne surprend pas Sébastien Boussois, chercheur en relations internationales et spécialiste du monde arabe.
"Au Maroc, la valeur du roi a une grande importance. C'est-à-dire que, comparé à la France où l'on parle souvent beaucoup, c'est un peu différent au Maroc", explique l'expert. Ce dernier expliquant qu'en dehors des allocutions royales lors de la "fête du trône", les prises de paroles de Mohammed VI sont assez rares.
"Une intervention télévisée à l'égard du peuple marocain serait sûrement la bienvenue. Ce n'est pas commun, mais - en même temps - un tel tremblement de terre et un tel drame n'est pas commun non plus", avance-t-il. Néanmoins, selon le chercheur, "personne ne questionnera" le silence de Mohammed VI dans le pays.
Malgré ses propositions d'aide, la France n'a toujours pas été appelée, lundi 11 septembre, par Rabat. Une décision qui peut s'expliquer par "des raisons plus politiques", selon l'expert, alors que les relations entre Paris et le Maroc sont assez tendues ces dernières années.
"Le Maroc est un état fort avec une administration structurée et assez puissante", explique Sébastien Boussois pour analyser les décisions de Rabat sur l'aide internationale. Et d'estimer qu'il y a aussi "une certaine pudeur de ne pas se présenter comme un pays victime d'une telle catastrophe et qui aurait besoin de l'aide d'un petit peu tout le monde" pour s'en sortir.
Si les autorités marocaines avaient accepté toutes les propositions, un autre problème aurait pu se poser. "Un déferlement de missions internationales semble être un peu compliqué à gérer au niveau local. D'autant plus qu'il y a la question de l'accès aux villages de l'Atlas", juge le spécialiste du monde arabe. "Ce n'est pas parce que vous avez une mission internationale que vous pouvez acheminer les vivres et les produits de premières nécessités", explique-t-il.