À Paiporta, les habitants sont mobilisés pour retrouver les cadavres de leurs voisins. Alors que le bilan des inondations historiques de cette semaine dans le sud-est de l'Espagne est d'au moins 158 morts, la commune de Paiporta, dans la banlieue sud de Valence, est une ville martyre.
Sur place, le bilan provisoire est de 62 morts. Les 27.000 habitants sont coupés du monde depuis plusieurs jours et recherchent eux-mêmes les disparus. Sans gants, sans bottes, dans la boue, ils tentent de déblayer. Au détour d'une rue, le spectacle est assourdissant : une pile de voitures imbriquées, entassées s'élève jusqu'au premier étage des immeubles. Une montagne de véhicules qui s'étend sur des dizaines de mètres.
Dans ces amas de carcasses, des disparus sont retrouvés. "On vient de découvrir une personne morte. Il y a tellement de personnes qui manquent à l'appel qu’on ne sait pas où elles sont. Je pense que la vieille dame qu’on vient de retrouver est sortie de sa voiture mais on l'a trouvée écrasée sous un autre véhicule. C'est difficile pour tout le monde, quel malheur", témoigne un habitant.
À chaque planche soulevée, à chaque voiture dégagée : l’angoisse, la peur de découvrir un corps inerte qui peut être celui d'un voisin, d'un ami : "Au niveau des rez-de-chaussée, on sait qu’il y a des morts. Souvent des personnes âgées ou handicapées. Parfois, elles ne pouvaient pas sortir et se sont fait piéger par l’eau."
Les habitants assistent, hébétés, à l’extraction des corps de leurs voisins, de leurs connaissances du quartier, comme cette femme à la recherche du père de son amie : "Il était descendu pour bouger sa voiture, on ne l'a plus revu. On ne sait pas où il est, les voitures sont allées un peu partout, c'est un désastre."
Les citoyens, qui déblayent à mains nues, se sentent abandonnés par les autorités, contraints d'évacuer eux-mêmes leurs voisins. Quelques membres de la Guardia civile sont présents mais les pompiers et les militaires ont été déployés ailleurs ou ne sont simplement pas assez nombreux face à l’ampleur de la catastrophe.
Pour tenter de combler leur manque, Fernando est venu de Valence avec sa pelle pour aider les habitants : "J’ai eu un choc, je ne pouvais pas rester chez moi. Alors, même si c’est pour soulever un bout de bois, c’est le minimum que je peux faire. C’est l’apocalypse." Se retrousser les manches, trouver des pelles, des pioches, des bottes et une paire de gants plutôt qu’attendre ces secours qui tardent à venir.
Un autre habitant, Luis, dit "comprendre" que les pompiers soient occupés ailleurs, mais se demande "où sont les militaires ?" et ne cache pas sa colère : "La majeure partie du travail on la fait nous-mêmes. Est-ce que j’ai la rage contre le gouvernement ? Oui, ils nous ont délaissés. Ils se sont ratés sur l’alerte et maintenant, ils ne nous aident pas." Luis reprend sa pelle et creuse de nouveau avec rage. Il n’y a peut-être plus personne à sauver mais il y a encore des voisins à retrouver.
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