Ukraine, ligne de front. Nous sommes dans la région de Kharkiv. Une unité de l’armée ukrainienne a installé son camp dans une forêt, y a creusé des tranchées, et surveille la vallée, à quelques kilomètres de la frontière avec la Russie.
Les soldats dorment dans des maisons abandonnées, cachées par une forêt dense. Certains sont très jeunes, 19 ou 20 ans. La plupart ne sont pas professionnels et se sont engagés après l’invasion russe, le 24 février dernier.
Roman était ingénieur avant la guerre, il dirige
désormais cette petite équipe, il a aussi la responsabilité du renseignement. "Nous utilisons notamment des drones du marché", explique ce commandant dans l'armée ukrainienne à RTL. "Il
faut toujours adapter nos objectifs à la situation. On a des drones pour
repérer, identifier nos cibles, des drones pour espionner, pour comprendre les
mouvements de notre ennemi, connaître sa position : savoir combien de
soldats il y a à tel endroit, combien de tanks, combien de machine en tout
genre".
Roman explique aussi comment il peut en envoyer un drone à
proximité d’une cible à détruire : le drone enverra en temps réel les
corrections à l’artilleur, s’il doit modifier un peu ses réglages après un tir
infructueux.
Renseignement, surveillance, artillerie… Les drones peuvent aussi servir à tuer. Leur nom varie : munition rôdeuse, drone kamikaze. Certains sont très populaires durant cette guerre : le Bayraktar turc, livré aux Ukrainiens, le Shahed iranien, livré aux Russes. Beaucoup de choses ont déjà été dites. Ce sont des drones à des fins militaires.
La guerre montre que même
des drones à des fins civiles peuvent être employés à des fins militaire.
L’armée française, quand elle analyse la façon de faire la guerre en Ukraine,
insiste sur ce point : les usages de ce que l’on peut trouver dans le
civil peuvent être détournés. Ou comment les ukrainiens sont parvenus à
installer des petites charges – de vieilles grenades soviétiques des années
cinquante – sur des drones achetés dans le commerce, et réussissent ainsi à
harceler leur adversaire.
"Ce qu’ont fait les ukrainiens", explique Joseph Henrotin du magazine Défense et Sécurité Internationale, c’est récupérer ces
armes, de les doter avec des imprimantes 3D, de petits ailerons de
stabilisation, et puis ensuite de les positionner sous des drones, permettant à
ce que la grenade puisse être lâchée pile au dessus de la cible et à faire en
sorte que la grenade arrive de la manière la plus efficace sur le moteur, sur
le toit d’un blindé, là où il est le plus vulnérable. L’État islamique l’avait
fait en Syrie ou en Irak. C’est un phénomène qui s’est systématisé en Ukraine".
Dans leur analyse de la guerre
en Ukraine, les militaires français remarquent que les unités ukrainiennes en
première ligne ont un pouvoir d’initiative très important. Une forme de
décentralisation, la méthode russe étant à l’inverse très centralisée. Pour
RTL, Julien Fautrat s’est rendu dans le camp militaire de Coëtquidan,
dans le Morbihan. Pour un exercice d’intégration de drones dans une manœuvre
sensible.
À Coëtquidan, sont formés les futurs officiers de l’armée
française, ceux qui auront à utiliser les drones lors d’un assaut – c’est
l’entrainement auquel RTL a assisté. Lors de la prise d’un village, le
sous-lieutenant Étienne lance ses drones, plutôt que des hommes, pour connaître
le nombre de gardes devant cette maison, et ainsi adapter sa manœuvre.
'Les drones permettent d’avoir des renseignements rapidement sur différentes positions et différents compartiments de terrain", raconte le sous-lieutenant Étienne, élève de l’académie St-Cyr Coëtquidan. "Au lieu de faire approcher nos groupes au plus près de l’ennemi et de les
mettre en danger, on a pu envoyer les drones faire une première attaque donc un
appui, première destruction, et nous avons pu mener une manœuvre de déception (de diversion ndlr) pour faire croire que nous arrivions de l’autre côté".
Les chercheurs - ingénieurs de l’académie se penche sur un
essaim de drones, plusieurs drones qui voleraient en même temps, qui auraient
tous des tâches différentes, qui seraient commandés par un drone leader (à la
manière de la reine des abeilles, comme un essaim d’abeilles) grâce à de
l’intelligence artificielle.
"La guerre en Ukraine et celle du Haut-Karabagh
apportent énormément de renseignements", souligne Gérard de Boisboissel, ingénieur de recherche au CREC Saint-Cyr. "La doctrine d’emploi a été de faire un
peu systématiquement une avancée par bonds précédé par drones qui observent,
qui détectent, qui neutralisent et on progresse comme ça. Il y avait même la
maintenance de ces drones qui suivaient le front du champ de bataille. C’est la
prise en compte d’un nouveau mode opératoire intégré dans les unités de combat
qui préfigure à mon sens la conflictualité de demain".
Bourges, Cher, direction générale de l’armement. Des drones
sont à l’essai. Les militaires font part de leurs besoins. Et dans ce centre,
les ingénieurs tentent d’y répondre. L’armée française vise 3.000 drones d’ici
2025 : les mini-drones, des nano-drones, des drones tactiques…
"On a intégré tous les capteurs laser et on a un tir
laser pour le système de simulation de tirs de combat", dit Aymeric, ingénieur. "Ça va permettre de faire
à la fois manœuvrer un drone et un groupe de combat et regarder comment l’un se
place par rapport à d’autre. L’armement [de ce drone] c’est un HK416, le fusil
en service dans les forces… L’autonomie de vol c’est une vingtaine de minutes.
On peut donc aller sur plusieurs centaines de mètres et d’ici la fin de l’année on envisage
des tirs avec munitions réelles.
Pour que ce drone fonctionne, il faut des caméras hyper-performantes, que la transmission de l’information soit immédiate, que ce drone
- léger - résiste aux conditions climatiques extrêmes. La munition est prévue
pour un drone de petit calibre, léger, très mobile. Il doit répondre à tous les types de combats, dans toutes zones et par tous les temps.
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