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Guerre en Ukraine : dans les tranchées boueuses de Kharkiv, à la frontière russe
REPORTAGE - La guerre en Ukraine se joue également au sol. RTL a pu se rendre à Kharkiv, la deuxième ville du pays, à la frontière nord-est. Comme à Verdun, les soldats ukrainiens s'enterrent pour se protéger des éventuels assauts russes.
À Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, les soldats ukrainiens s'enterrent pour se protéger des éventuels assauts russes, dans des tranchées qui rappellent celles de Verdun. Qui aurait pu le croire il y a encore six mois ? Des tranchées boueuses aux portes de l'Europe, qu'on pensait d'un autre âge, d'un autre siècle, où les mots se murmurent comme si l'ennemi pouvait nous entendre. Nous surplombons la plaine, elle est scrutée par un jeune homme de 25 ans qui veille à ce qu'une mitrailleuse lourde soit toujours pointée en direction de la colline d'en face.
"Ici, on peut couvrir les arrières d'une unité dans la plaine", explique-t-il. "Le paysage est dégagé. Ils sont obligés de descendre par là et on pourra les arrêter". De cette position, on voit à peu près tous les axes ou les Russes peuvent passer. "De notre position, on peut même voir une roquette lancée depuis le territoire russe et on a avec nous notre système antimissile pour le détruire dans le ciel".
De ce poste avancé, nous aurions été les premiers à observer, ou bien les missiles russes en direction de Kharkiv et sa région (l'enjeu, c'est alors de les intercepter), ou alors une percée russe, puisqu'on voit toutes les routes qui descendent de la colline. "Juste derrière ces arbres, c'est la Russie", explique le soldat ukrainien. "Dans une guerre moderne avec beaucoup de drones, on doit tout simplement se camoufler partout ici, avec des herbes, des arbres, des choses naturelles pour ne pas être repéré de là-bas.
Quelle riposte ?
Voilà pour la surveillance. Et en cas d'attaque la riposte incombe aux snipers. Celui-ci a un profil un peu particulier car en fait, il est avocat. Il avait un vague passé de chasseur le dimanche, la semaine dans son cabinet et un sandwich le midi entre deux dossiers. Cette vie-là est derrière lui. Son quotidien, désormais, c'est de s'entraîner sur des cibles, de planquer dans ces tranchées pendant des heures, et de tirer.
"Ma femme sait que je fais la guerre, mais elle ne sait pas que je suis ici", dit-il. "C'est vraiment une nouvelle vie". Des hommes sont morts ici. La bataille de Kharkiv est féroce encore aujourd'hui. Et sur ces premières lignes symboliques qui tiennent, les soldats ukrainiens ne veulent pas reculer. "Cela prendra dix ans, ça prendra 20 ans peut-être, mais je serai dans cette tranchée jusqu'au bout".
Parce que tous les indices montrent que le Kremlin, autant que dans le Donbass, entend annexer la région de Kharkiv. Un drapeau de remplacement a même déjà été choisi avec un aigle à deux têtes : un aigle impérial russe.
