Les militaires que RTL a rencontrés avouent humblement leur surprise quant au déroulement des opérations en Ukraine. D’abord, concernant les erreurs de commandement russes et la tactique militaire. Comment ont-ils pu attaquer avec si peu de soldats et sur autant de fronts ?
Pour lancer une offensive, pour agresser un adversaire, la doctrine estime qu’il faut être 3 fois plus que lui. Voire, en zone urbaine, 10 fois plus. Or, on compte environ 200.000 soldats russes, contre 140.000 ukrainiens, ces derniers ayant, de surcroit, l’avantage de connaitre le terrain, ses reliefs, ses cachettes : donc loin du rapport de 1 à 3 nécessaire pour ces guerres aéro-terrestres.
Le colonel Minguet, qui commande les 850 soldats français et belges de la mission Aigle, en Roumanie connaît ses classiques. Il cite l’exemple de la Seconde Guerre mondiale et de l’opération Barbarossa, en 1941. "Les Allemands ont attaqué avec 300.000 personnes sur trois axes. Là, les Russes ont attaqué sur dix axes différents avec 200.000 personnes. D'un point de vue conceptuel, le plan russe présente certaines faiblesses. Cela dit, il faut faire très attention car les Russes se sont souvent rétablis au dernier moment", explique-t-il.
L'enjeu aujourd'hui : savoir quels sont les capacités de régénération des Russes, après 2 mois de guerre difficile.
Selon les militaires français, pour mener une guerre de cette ampleur, il faut assurer une utilisation combinée de l’infanterie, de l’artillerie, de la cavalerie et d’un appui aérien. Il faut aussi parfaitement connaitre le terrain. Or l’armée russe s’est fait piéger par les marécages, par le franchissement de rivières (comme à Irpin). Elle a été bloquée par des éléments naturels, ce qui semblait impensable.
La moindre faiblesse peut faire dérailler la machine. Par exemple, en utilisant les missiles portables anti-aériens Stinger livrés par Américains, les soldats ukrainiens ont réussi à contester la supériorité russe dans le ciel : les Russes ont manqué d’appui pour leurs troupes au sol qui se sont davantage exposées. Ces Stinger sont le symbole l’agilité, de la possibilité et la capacité d’initiative des soldats ukrainiens sur le front.
"On a sous les yeux, l'exemple de ce qu'il faut faire est l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire, souligne le colonel Pascal Ianni. Le système russe est fondé sur la centralisation à l'extrême, sur l'absence de prise d'initiatives au niveau des subordonnés, au niveau des unités de terrain. Et c'est pour cette raison d'ailleurs qu'on a vu des généraux russes monter au front et perdre la vie. À l'inverse, on a des unités ukrainiennes qui sont capables de s'adapter à la réalité de la situation. Et c'est ce qui permet à cette unité, à cette armée ukrainienne de tenir tête aux Russes. Et c'est un vrai exemple pour nous", détaille-t-il.
L'Ukraine a imposé sa narration sur les réseaux sociaux au monde entier, les vidéos étant très rapidement diffusées, montrant le terrain au plus près. Et souvent sous-titrées en anglais, contrairement aux vidéos russes. Les militaires français y voient une nouvelle manière de communiquer.
"On voit des images, mais on ne sait pas trop si ces images sont vraies ou pas. En tout cas, et cet avis est partagé par beaucoup, les Ukrainiens sont extrêmement efficaces. Ils ont imposé leur narratif et ils ont été capables d'illustrer ce qu'était l'agression russe", souligne le colonel Pascal Ianni.
Depuis les invasions russes dans le Donbass et en Crimée, les Ukrainiens se préparent à la guerre. Toutes les puissances, Russes, Américains, Européens, n’en avaient pas vraiment conscience.
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