Gaza - "Des amputations sans anesthésie" : le vice-président de Médecins du monde raconte sur RTL les conditions des soins

Jean-François Corty, vice-président de Médecins du monde, pousse un cri d'alarme. Alors que l’offensive israélienne terrestre et aérienne se poursuit à Gaza, les derniers soignants qui travaillent sur place racontent soigner sans médicaments et sans anesthésie.

Sur RTL, Jean-François Corty témoigne de l'enfer auquel sont confrontés ses équipes et les civils dans la bande de Gaza. "Une vingtaine de personnes sont salariées de Médecins du monde à Gaza, explique-t-il. Ils sont formés à l'urgence et travaillent avec nous depuis de nombreuses années. Aujourd'hui, ils sont pratiquement dans l'incapacité de faire leur travail, la plupart cherchent à manger, à boire, dorment dans leur bagnole."

Le vice-président de médecin du monde évoque également le cas de quelques médecins qui travaillent encore dans un hôpital du Nord. "Ils nous expliquent qu'ils font des opérations à même le sol, des amputations et des césariennes sans anesthésie, qu'ils prennent en charge beaucoup de blessés, mais aussi beaucoup de malades, raconte-t-il. Aujourd'hui, à Gaza, on meurt en masse sous les bombardements, mais aussi de maladies dont on connaît les traitements. Et on meurt dans la douleur, sans antalgiques."

Il faudrait 100 camions par jour

Jean-François Corty, vice-président de médecin du monde, sur RTL

Sur place, les ONG, comme Médecins du monde, sont dans l'incapacité d'agir. "La plupart des humanitaires ne peuvent plus travailler, ils cherchent à manger, à boire, ils enterrent leurs morts, poursuit-il avant d'aborder l'aide humanitaire envoyée sur place. L'aide qui est rentrée répond à des besoins qui sont infinis. Il faudrait 100 camions par jour et il y en a une centaine qui sont entrés depuis dix jours, pour 2 millions de personnes."

L'aide humanitaire arrive au compte-goutte sur place et reste parfois longtemps bloquée en Egypte, car les conditions de sécurité ne sont pas réunies. Jean-François Corty dénonce l'ordre israélien d'évacuer le nord de la bande de Gaza "alors qu'il y a des bombardements, sous blocus et qu'on leur promet une aide humanitaire qui n'est pas là, pas suffisante".

On passe d'une prison à ciel ouvert à, potentiellement, un charnier à ciel ouvert

Jean-François Corty, vice-président de médecin du monde, sur RTL

Il estime ainsi que l'aide humanitaire est instrumentalisée par Israël, soutenue par les États-Unis : "Un paravent moral pour masquer un manque de dénonciation de la situation, notamment pour le fait de mettre des mots sur le 'pourquoi' de cette catastrophe humanitaire, parce qu'il y a des bombardements massifs sur une population qui est prise au piège".

"Il faut condamner les atrocités du Hamas faites le 7 octobre, c'est inqualifiable, insiste le vice-président de l'ONG. Il faut aussi condamner le fait qu'on assoiffe, affame, bombarde 2 millions de Gazaouis qui n'ont pour la plupart rien à voir avec le terrorisme. Il faut mettre des mots sur cette situation, on passe d'une prison à ciel ouvert à, potentiellement, un charnier à ciel ouvert. Nos équipes vont mourir et une majorité de civils va mourir."

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