Erdogan accuse Macron de "colonialisme" et de "spectacle" au Liban
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié de "spectacle" la visite d'Emmanuel Macron au Liban. Il a également accusé le chef de l'État d'avoir des visées "coloniales".

Voilà qui ne va pas arranger les relations diplomatiques, déjà tendues, entre la France et la Turquie. Lors d'un discours à Ankara, le président Erdogan a accusé ce jeudi Emmanuel Macron de colonialisme, en évoquant la posture du chef de l'État français vis-à-vis du Liban.
"Ce que Macron et compagnie veulent, c'est rétablir l'ordre colonial (au Liban)", a fustigé le président turc. "Nous, ce n'est pas courir après les photos ou faire le spectacle devant les caméras qui nous intéresse", a-t-il ajouté. La pique fait référence au déplacement pour le moins médiatisé de Macron à Beyrouth après l'explosion du 4 août dernier.
Si Erdogan ne s'est pas rendu en personne dans la capitale libanaise, il y a toutefois envoyé son vice-président et son chef de la diplomatie pour y représenter son pays la semaine dernière.
Une référence au passé colonial français
Après être resté sous domination ottomane pendant quatre siècles, le Liban a été placé sous mandat français de 1920 à 1943, date de son indépendance. Les attaques virulentes du président Erdogan surviennent dans un contexte de tensions marquées entre la Turquie et la France, liées notamment à des intérêts divergents en Libye et en Méditerranée orientale.
Les recherches turques de gisements de gaz dans cette zone maritime ont provoqué l'ire de la Grèce et de l'Union européenne. En soutien à Athènes, Paris a dénoncé les actions "unilatérales" d'Ankara. La France a également annoncé, ce jeudi 13 août, avoir temporairement renforcé sa présence militaire en Méditerranée orientale.
La presse pro-gouvernementale turque s'est indignée de cette nouvelle, et a accusé la France de "chercher la guerre". Recep Tayyip Erdogan n'a pas commenté la décision française, mais il s'en est pris sans le nommer à un "pays qui n'a pas de littoral en Méditerranée orientale", lui intimant de "ne pas se croire plus grand qu'il ne l'est".
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