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Frontière Grèce-Turquie : "Erdogan veut impliquer les Européens" selon Natacha Polony

ÉDITO - Pour Natacha Polony, en ouvrant ses frontières avec la Grèce, le président turc espère obtenir un soutien de l'Union Européenne en Syrie.

Des réfugiés coincés à Edirne, ville turque frontalière avec la Grèce.
Des réfugiés coincés à Edirne, ville turque frontalière avec la Grèce.
Crédit : Ozan KOSE / AFP
micro générique
Natacha Polony - édité par Chloé Richard-Le Bris

"Des millions de migrants se dirigeront bientôt vers l’Europe". C’est ce qu’a déclaré ce lundi 2 mars le président turc Recep Tayyip Erdogan. Est-ce une menace ? Un chantage ? Un coup de bluff ?

D’abord, il faut résumer la situation. Depuis le début de la guerre en Syrie, ce sont plus de 3 millions et demi de réfugiés qui sont passés en Turquie. Ils vivent dans des camps ou dans les villes de la région frontalière, ils travaillent, ils tentent de s’intégrer… En 2015, souvenez-vous, ces réfugiés syriens voulaient venir en Europe. 

Un million de personnes sont passées par les Balkans pour rejoindre l’Allemagne après qu’Angela Merkel a annoncé qu’ils seraient accueillis et non  plus renvoyés dans leur pays d’entrée dans l’Unions européenne, avant de refermer sa frontière trois semaines plus tard. La même Angela Merkel, quelques semaines plus tard, négocie avec Erdogan un plan qui confit à la Turquie le soin de contenir le flux de migrants en échange de facilités pour les visas de ses ressortissants et de 6 milliards d’aide.

Aujourd’hui, le dernier bastion des djihadistes est en train de tomber à Idlib, dans des conditions épouvantables pour les civils. Et c’est là que Recep Erdogan Tayyip interpelle l’Europe. Mais le bien-être des réfugiés syriens, c’est le cadet de ses soucis.

Montée de tension avec Poutine

Erdogan sait ce qu'il veut. Le président turc est lancé dans une montée de tension avec Poutine, dernier soutien de Bachar Al Assad. L’un et l’autre évitent que leurs soldats se retrouvent face à face, mais on est au bord de l’incident, et Erdogan veut impliquer les Européens. D’autant que les Européens n’ont pas versé la totalité des 6 milliards promis. Erdogan a lancé une première salve en laissant passer quelques dizaines de milliers de malheureux que la douane grecque a repoussés. Il y aurait déjà deux morts, l’un tué par la police grecque et un enfant noyé dans le naufrage d’un canot. Mais le bilan risque de s’alourdir rapidement.

Les dirigeants des trois institutions de l’Union Européenne iront demain, mardi 3 mars, sur place. Pourtant, ce n’est pas là-bas que ça se joue, c’est entre les pays européens. Mais le problème, c'est qu'il n’y a pas d’accord entre les pays européens.

Une honte pour l'Europe

Au moins, on peut espérer que cette fois, l’Allemagne ne jouera pas uniquement en solo. Mais ça ne règle rien. La question qui se joue est celle du maintien du droit d’asile comme principe fondamental de la civilisation européenne. Ces gens sont des réfugiés. Mais à force de nier la différence entre leur cas et celui des migrants qui traversent chaque jour la Méditerranée et qui sont pour la plupart des migrants économiques, on oublie que les réfugiés, eux, doivent être accueillis, quitte à poser ensuite la question de leur retour chez eux, une fois la guerre finie, ce qui nécessite de travailler diplomatiquement avec des gens pour lesquels on n’a aucune sympathie, Bachar Al Assad et Vladimir Poutine en tête.

Mais laisser la Grèce se débrouiller, tout en se soumettant à l’agenda d’Erdogan : on a déjà essayé, et le résultat est une honte pour l’Europe.

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