Enlèvement de David Balland : le récit des 36 heures d'angoisse de l'entrepreneur des cryptomonnaies

C'est un récit incroyable. Le retour sur une affaire qui nous a marqués à la fin du mois de janvier dernier. L'enlèvement de David Balland, roi des cryptomonnaies, kidnappé avec sa compagne, Amandine, avec une demande de rançon. Il avait même eu un doigt sectionné par les criminels. On découvre dans Paris-Match le récit complet de ces 36 heures d'angoisse.

Mardi 21 janvier 2025. 3h10 du matin. Une villa endormie près de Vierzon dans le Cher. Un cri. Puis un bruit sourd. Il ouvre les yeux. Puis il reconnaît une voix. Amandine, sa compagne. Il sort du lit. La peur monte, entre dans le salon. Une arme est braquée sur lui. "Ta gueule ! Calme-toi, obéis et fais ce qu’on te dit !". Cinq ou six hommes en noir, cagoulés. Amandine, encerclée.

Ils ne veulent pas les bijoux, pas la télé, pas la Tesla garée devant la maison... Il comprend. Ils sont venus pour lui. Pour eux. il n’est pas seulement un homme. Il est un chiffre. Sa boîte, Ledger, est un géant mondial des cryptomonnaies. Valorisation : plus d'un milliard et demi d'euros.

David Balland est là, dans sa maison, chez lui, et pourtant tout lui échappe. Son monde a disparu en quelques secondes. On lui met du scotch sur les yeux. "On vient de la part de tes potes", lâche l’un des malfrats. Qui ? Quoi ? Pourquoi ? La phrase tourne en boucle dans son esprit. Qui sont ces hommes ? Qui les a envoyés ?

"Si tu continues de crier, je te coupe l’oreille !"

Après 30 minutes de route, il est extrait du fourgon, emmené dans une autre maison, et séparé de sa compagne. Un ordre claque. "À genoux ! Tu bouges pas ! Tu fermes ta gueule ! Tu nous regardes pas !". On l’attache à une chaise. Des bâches noires recouvrent les murs.

Un Beretta sur la tempe. Une hachette sur l’épaule. Et là une caméra s’allume. On lui demande d'enregistrer un message pour ses associés. Balland tremble. Pas assez convaincant. Il encaisse une énorme gifle. "Recommence". Ils exigent 10 millions d'euros en Bitcoins. Et comme l'argent n'arrive pas. Les malfaiteurs vont aller encore plus loin dans l'horreur.

Une nouvelle vidéo est tournée. Cette fois, il y a une pince, une tenaille. Il voit. Il comprend ce qui va arriver. Le premier coup. L’auriculaire de David Balland résiste. Le deuxième tranche la chair. "J’ai hurlé de peur et de douleur". "Si tu continues de crier, je te coupe l’oreille !". "Une très bonne motivation, j’ai réussi à ne plus crier". Ils envoient la vidéo. L’argent ne vient toujours pas. "Prépare-toi, frérot, ça va couper".  On lui tend une cigarette. "Je me suis dit que c’était la dernière clope du condamné".

Il pense que c’est fini. Mais la tension retombe. Un peu plus de trois millions d’euros en cryptomonnaies ont été versés. Grands seigneurs, les criminels soignent sa plaie avec du déodorant Scorpio. À 14h25, le GIGN donne l’assaut. Il est libre.

Amandine sera retrouvée le lendemain vivante, dans le coffre d'une voiture. L'argent sera récupéré. Six hommes et une femme ont été arrêtés. Tous disent avoir agi pour l’argent. David Balland est retourné à l'anonymat, avec un morceau de doigt en moins. 

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