Pour vivre heureux, vivons caché. L'adage n'a jamais semblé autant d'actualité pour les propriétaires de cryptomonnaies, au nombre de 12 millions en France aujourd'hui. L'annonce de l'enlèvement et de la séquestration de David Balland, cofondateur de la licorne française Ledger, référence mondiale de la conservation et de la sécurisation des cryptomonnaies, et de son épouse, libérés à l'issue d'une opération à haut risque menée par la police et le GIGN entre le Cher, l'Indre et l'Île-de-France, est venue rappeler que les acteurs de l'écosystème sont plus que jamais dans le viseur du banditisme.
Les agressions ciblant des investisseurs, influenceurs ou entrepreneurs du secteur se sont multipliées ces derniers mois. Impliquant souvent leurs proches. Selon une base de données publique qui recense les agressions physiques en lien avec le monde des cryptomonnaies, déjà six incidents de ce type ont été observés à travers le monde depuis le 1er janvier, alors que 22 cas avaient été enregistrés sur toute l'année 2024, en hausse de 22% par rapport à 2023.
Peu avant Noël, l'épouse d'un crypto-millionnaire belge a été enlevée par quatre ravisseurs en pleine rue à Forest et libérée à l'issue d'une improbable course-poursuite avec la police terminée par un grave accident. Lors du réveillon du Nouvel an, un influenceur crypto basé à Dubaï, connu pour exhiber sa richesse sur les réseaux sociaux, a vu son père kidnappé par des criminels avant d'être retrouvé ligoté, blessé et aspergé d'essence dans le coffre d'une voiture lors d'un contrôle de police au Mans. Fin 2022, l'influenceur et entrepreneur Owen Simonin, suivi par 700.000 personnes sur sa chaîne YouTube "Hasheur", avait, lui aussi, été victime d'une expérience traumatisante avec l'irruption à son domicile d'un homme armé. Des agressions similaires ont été enregistrées à Toronto, en Malaisie, en Ukraine, au Pakistan, en Australie ou en Argentine ces derniers mois, avec, parfois, une issue fatale.
Au même titre que les footballeurs, les Youtubeurs ou les stars de la télévision, les détenteurs de cryptomonnaies sont devenus une cible privilégiée pour des criminels avides d’argent facile. Ces derniers sont motivés par la facilité avec laquelle il est possible de transférer des fonds sur un portefeuille crypto, sans l'intermédiation d'une banque ou d'un gestionnaire de fonds, et la possibilité d'utiliser des techniques pour rendre anonymes les transactions. "Je ne suis pas surpris. Les malfrats sont attirés en partie par l'ambiance médiatique. Quand on parle de crypto, c'est pour parler de casino et de riches, ça contribue à mettre une cible sur la tête. Ils viennent kidnapper et séquestrer pour obtenir de l'argent de personnes qu'ils pensent richissimes", constate auprès de RTL Alexandre Stachtchenko, expert crypto et directeur de la stratégie de la plateforme Paymium, lui-même victime d'une usurpation d'identité il y a quelques mois dans le but de lui soutirer des fonds.
Pour prévenir ces situations, les détenteurs de sommes conséquentes en cryptomonnaies mettent pourtant généralement en place des mesures de sécurité supplémentaires qui empêchent techniquement le transfert immédiat des fonds. Par exemple, le fait de nécessiter plusieurs approbations d'appareils conservés dans des endroits distincts pour valider une transaction. "Mais ces sécurités rendent parfois les agresseurs plus dangereux quand on leur explique qu'on ne peut pas transférer les actifs comme ça", observe Alexandre Stachtchenko.
Avec un Bitcoin au-dessus des 100.000 dollars et les mesures favorables à l'écosystème que souhaite mettre en place la nouvelle administration américaine, les conditions semblent réunies pour voir le phénomène durer. Les professionnels du secteur redoutent aussi les effets des nouvelles réglementations européennes, qui renforcent les obligations de transparence des plateformes. Elles impliquent notamment la constitution de bases de données regroupant des informations relatives à l'identité des clients, leur adresse postale et leurs adresses crypto, avec la possibilité de voir combien d'actifs ils détiennent sur les registres publics des blockchains. "On oblige les intermédiaires à créer des pots de miel géants. En cas de fuite de données, les malfrats n'auront qu'à se servir pour cibler leurs victimes", s'inquiète Alexandre Stachtchenko.
Une mésaventure déjà subie par Ledger par le passé. La licorne française a été victime de deux fuites de données en 2020 qui avaient révélé l’identité et l’adresse de centaines de milliers de clients, offrant aux escrocs du monde entier un gigantesque carnet d'adresse pour mener des arnaques ou des actes de banditisme. L’entreprise a été condamnée à 750.000 euros d’amende par la Cnil pour ces violations en octobre dernier.
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