ÉDITO - L'objectif de Donald Trump est de "briser l’alliance entre la Chine et la Russie", assure François Lenglet

C'est un retournement saisissant et une alliance qui contredit point par point la politique de Biden. L'ancien président américain a cherché, tout au long de son mandat, à isoler la Russie avec des sanctions commerciales et la confiscation des avoirs russes.

Les relations commerciales entre les deux pays pourraient à présent reprendre. Il s'agit d’un des chapitres des négociations qui vont s’ouvrir à Ryad, en Arabie Saoudite. Les Russes voudraient que les compagnies pétrolières et gazières américaines reviennent chez eux et développent l’exploitation des hydrocarbures.

Au vu de la passion que Donald Trump porte au secteur pétrolier, c’est assez vraisemblable qu’il soit intéressé. Certains pourraient même accuser les États-Unis de sacrifier l’Ukraine pour du pétrole. Même si cette ressource compte énormément, le plus important n’est pas à chercher de ce côté. 

Les États-Unis cherchent à isoler la Chine

L’objectif central de l’administration de Trump, c’est de briser l’alliance entre la Chine et la Russie. Cette alliance stratégique et commerciale, est consolidée par une quarantaine de rencontres entre Poutine et son homologue chinois, Xi Jinping.

Depuis l’invasion de l’Ukraine, la Chine est devenue le premier partenaire économique de la Russie. C’est Pékin qui aide Moscou à financer son effort de guerre, en lui achetant son pétrole.

L’intérêt, pour les États-Unis, est d’isoler la Chine, c’est leur principale préoccupation. Leur objectif est de ralentir son avance au plan militaire et technologique, et conserver une suprématie relative. Pour Moscou, l’intérêt, est de se dégager de la protection chinoise qui commence à être un peu lourde. En fait, la Chine, en aidant la Russie, espère contrôler à bon compte la vaste réserve de matières premières russes.

Une redite inversé du fameux "coup de Kissinger"

Si cette nouvelle alliance russo-américaine se concrétise, l’économie mondiale va changer de visage, exactement comme il y a cinquante ans. Pour rappel, dans les années 1970, le président Richard Nixon était dans la même situation que Donald Trump et faisait face à un front Chine-Russie, à l’époque soviétique.

Richard, avec l’aide de Henry Kissinger, son secrétaire d'État, avait réussi à fracturer cette alliance, en se rapprochant de la Chine. Ce projet avait alors abouti à une visite triomphale du Président Nixon en Chine en 1973 ainsi que l'ouverture de relations diplomatiques avec Pékin en 1979. Par la suite, développement exponentiel des relations commerciales auront fait de la Chine le premier fournisseur des États-Unis et l’usine du monde.

Un pari qui repose sur le sacrifice de l'Ukraine et de la sécurité Européene

Ce coup diplomatique, génial, aura isolé les Soviétiques, et même conduit à leur effondrement, après la chute du Mur de Berlin, sur fond d’échec économique.

On pourrait donc avancer que Donald Trump souhaite refaire le coup de Kissinger, mais à l’envers. Il choisit, dans ce cas de figure, la Russie, parce que le véritable ennemi d’aujourd’hui, c’est la Chine, c’est un pari risqué. 

Peut-on raisonnablement croire que Poutine sera un partenaire aussi fiable que les Chinois ? Ce Pari demeure aussi très coûteux, puisqu’il repose sur le sacrifice de l’Ukraine, et celui de la sécurité européenne.

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