ÉDITO - Chine : pourquoi le retour en grâce du fondateur d'Alibaba traduit un "changement de politique"

Jack Ma, fondateur de la plateforme de commerce Alibaba, a récemment assisté à une réunion de haut niveau avec les principaux dirigeants chinois, dont Xi Jinping, le chef de l'État.

Il s'agit de sa première apparition publique depuis plus de quatre ans, après avoir été écarté en 2020 alors qu'il était au sommet de sa carrière, reconnu comme le plus riche de Chine et une figure emblématique pour une génération d'entrepreneurs.

En Chine, une réapparition de cette nature n'est jamais fortuite. Elle signale un changement de politique très important, rendu nécessaire par les difficultés économiques du pays. En 2020, Xi Jinping avait lancé une campagne agressive contre ce qu'il qualifiait de corruption, ciblant les milliardaires et le secteur privé, qu'il accusait de briser la cohésion sociale. 

Une purge des milliardaires ayant frappé le pays

Cette campagne a entraîné une série de purges et d'arrestations, avec notamment 80 chefs d'entreprise arrêtés l'année dernière sous divers prétextes. Ces actions ont eu des conséquences économiques considérables.

En France, pour refroidir l'économie, on augmente les taux d'intérêts, en Chine, on arrête un patron, et cela provoque exactement le même effet. Du coup, le monde rentre dans son terrier. La création de start-up s'est littéralement effondrée, en 2018, 51.000 entreprises avaient été créées contre seulement 260 en 2024 ! 

Le montant des investissements, chinois et étrangers en Chine, a suivi précisément la même pente. Depuis 2021, le nombre de milliardaires chinois a aussi chuté de 36%. Toute cette opération, politique à l'origine, était destinée à affirmer le pouvoir du chef suprême face aux puissances de l'argent et à rassurer le bon peuple. Celle-ci aura fini par avoir un coût économique élevé.

Un dirigeant dont les changements d'avis sont rapidement pris en compte

En 2025, la croissance peine à atteindre 5%, la démographie décline, le chômage des jeunes monte, le prix de l'immobilier s'est effondré. En réponse, Xi Jinping fait un nouveau virage à 180 degrés. Il en est coutumier, notamment avec sa politique zéro Covid lorsqu'il avait changé d'avis aussi drastiquement.

Cette nouvelle approche signifie que le secteur privé chinois va pouvoir repartir, surtout, car le moindre "signe de l'empereur" est interprété. C'est d'ailleurs assez drôle, parce que le 17 février, lors d'une réunion, l'attention était portée sur la position physique des milliardaires par rapport à Xi Jinping, un indicateur de leur statut.

Par exemple, l'absence de Robin Li, fondateur de Baidu, le Google chinois, a entraîné une chute de 7% de l'action de son entreprise à la bourse d'Hong Kong. Voilà qui illustre l'impact de la position d'un chef d'entreprise sur le marché boursier.

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