La France a publié le bilan de ses émissions carbone en 2022. Si les chiffres s’améliorent, ils sont en réalité en trompe-l'œil. Nous aurions en effet rempli nos objectifs de diminution des émissions polluantes, selon ces données provisoires établies par le Citepa (Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique) : 408 millions de tonnes émises en 2022, soit 2,5% en moins par rapport à l’année d’avant. Le problème, c’est que ce chiffre possède plusieurs biais regrettables.
La météo de l’hiver dernier a ainsi été favorable. Du coup, la consommation de chauffage a évidemment fléchi. Vous pouvez rajouter à cela l’explosion des prix de l’électricité et du gaz, qui nous a poussé à consommer moins. Est-ce que ces efforts perdureront avec un retour au calme des prix, personne ne peut le dire. J’ajoute que pour certains industriels très gros consommateurs d’électricité, dans la métallurgie en particulier, l’impact de la hausse a été tel qu’ils ont préféré interrompre leur production. C’est de la mauvaise baisse de la consommation, parce que c’est aussi moins de croissance.
Et l’autre élément, c’est que le déficit commercial français s’est creusé en 2022. Nous avons acheté davantage de produits à l’étranger, de l’électronique, des voitures, des textiles. Des produits dont la fabrication génère bien sûr du carbone, qui n’est pas comptabilisé dans les émissions nationales puisqu'ils sont fabriqués hors des frontières. En 2022, le déficit commercial français, hors énergie, c’est-à-dire celui des produits industriels, est passé à 49 milliards, contre 40 l’année d’avant. Cela a donc dû jouer.
C'est le grand défaut de cette mesure. Et ce biais explique en partie la bonne performance de la France, qui s’est massivement désindustrialisée depuis vingt-cinq ans. En important des produits, nous exportons notre pollution. En bonne logique, il faudrait la réintégrer dans les comptes.
Selon le cabinet d’études Xerfi, ça augmenterait le total de 70 à 110%. Il faudrait évidemment aussi retrancher les émissions de nos exportations, moins importantes. Le problème est identique avec le tourisme. Un couple d’Américains qui descend l’Ardèche en canoë n’émet pas de carbone, c’est de la croissance propre. Mais il est venu en France en avion. Ne faudrait-il pas réintégrer une partie de la pollution émise pendant son trajet dans la comptabilité environnementale française ? Nous avons accueilli plus de 70 millions de touristes internationaux en 2022, vous voyez que ça ferait quelques tonnes de carbone en plus.
La tendance sur le long terme est bonne. Il y a 20 ans, nous étions à 550 millions de tonnes par an, contre un peu plus de 400 aujourd'hui, ce qui fait une baisse de 27%. Certes, il faudrait tenir compte de la désindustrialisation pour avoir une bonne mesure. Mais hors industrie, dont les chiffres sont difficiles à interpréter, certains secteurs ont fait des efforts manifestes. L’usage des bâtiments par exemple, avec le chauffage et la lumière, représente une baisse de 25% sur vingt ans. Le transport, -14%, le traitement des déchets, -22%. L’agriculture est un peu à la traîne, avec un petit -8% sur la période.
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