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5 min de lecture
Une prêtresse du peuple des cendres dans "Avatar 3" est le nouvel antagoniste de la saga
Crédit : Lightstorm Entertainment
Est-ce un ventre mou au milieu de la saga ou James Cameron a-t-il renoncé sciemment à faire avancer son intrigue ? Le troisième film Avatar baptisé De feu et de cendres promettait le renouveau. En sortant de la salle, pourtant, nous avons eu l'impression de faire du surplace. Une fois encore. Si vous êtes un inconditionnel de la franchise et qu'Avatar, premier du nom, reste dans votre panthéon cinématographique personnel, alors vous ne serez pas déçus. La formule est respectée : une aventure centrée sur l'action, un message écologique simpliste sacralisant la nature face à une technologie par essence maléfique et une débauche de moyen technologique pour recréer sur grand écran le meilleur de la 3D.
Mais après six heures d'intrigue, nous espérions que la septième, huitième et neuvième heure d'Avatar offriraient autre chose. Un rebondissement, une nouveauté technique, un développement des personnages, une thématique inédite, une morale renouvelée... N'importe quoi. Mais non, lorsque le générique de fin s'affiche, nos héros seront revenus au point de départ. Un film pour rien.
Ce 360° n'est pas irregardable pour autant. On ne s'endort pas dans son siège face à la multiplication des scènes d'action et à la beauté toujours surnaturelle des paysages et créatures numériques. Mais on s'interroge de plus en plus sur la raison d'être de la saga. Le premier Avatar ne se suffisait-il pas à lui seul ?
Pour ce troisième long-métrage du réalisateur de Terminator (1984), Aliens, le retour (1986) et Titanic (1997), nous retrouvons la famille Sully avec Jake (Sam Worthington) et Neytiri (Zoe Saldaña) traumatisés par la perte de l'un de leurs enfants dans La Voie de l'eau et toujours pourchassés par les méchants humains colonisateurs.
Comme lors du précédent volet, la famille est contrainte de partir vers d'autres horizons pour protéger la peuplade maritime qui les héberge et tourner la page. Ce nouveau départ permet à James Cameron d'agrandir a minima son univers en introduisant (brièvement) le peuple du vent, une tribu de voyageurs Na'vi et le peuple des cendres, des pirates sanguinaires menés par une sorcière, Varang. Un monde somme toute... élémentaire.
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Après une rapide présentation de ces deux autres facettes de la civilisation sur la planète Pandora, Avatar 3 retombe dans l'intrigue qu'on lui connaît : Jake Sully est un traître et doit être capturé par l'antagoniste principal : le colonel Miles Quaritch qui est de retour pour nous jouer un mauvais tour. Les humains tentent toujours de piller Pandora de ses ressources par pure cupidité.
Les Na'vi et nos héros sont toujours du côté de la nature bienveillante qui vient, comme par magie, leur sauver la mise lorsque tout semble perdu. Ce simplisme dans les motivations des uns et des autres et cette résolution de l'intrigue par un "deus ex machina" étaient charmants dans le premier Avatar, naïfs dans le deuxième et commencent à être insultants pour l'intelligence des spectateurs dans le troisième film.
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Sans trop en dire sur l'intrigue de De feu et de cendres, on ne peut que regretter la protection absolue dont bénéficient nos héros tout au long du film. De la première à la dernière séquence, les membres de la famille Sully sont recherchés, capturés, menacés, sauvés, puis... recherchés, capturés, menacés et sauvés encore.
Une valse incessante de couteaux sous la gorge et de sauvetages à la dernière minute. C'est bien simple, on ne craint jamais rien lors du visionnage. Jamais les ennemis n'ont la cruauté d'en finir rapidement sans un monologue de grand méchant digne d'un dessin animé et jamais les gentils n'ont l'intelligence de se débarrasser définitivement de celles et ceux qui menaçaient leur vie et celles de leurs enfants 10 secondes avant. On ne tremble pas, on ne pleure pas, On ne vibre pas. Rarement les scènes sont satisfaisantes.
Pourtant, quelques bonnes idées viennent émailler l'œuvre de Cameron. Le problème respiratoire de Miles 'Spider' Socorro, le jeune Tarzan blond (qui demeure insupportable), introduit une véritable tension dans le premier tiers du film. Le jeune humain vivant chez les Na'vi avait, en effet, besoin d'un masque à oxygène pour vivre parmi les géants bleutés.
Lorsque ce masque dysfonctionne puis disparaît, Avatar 3 nous tient en haleine. On suffoque avec le personnage. La panique nous gagne. L'apnée est concrète. Malheureusement, tout est résolu, une fois encore et trop facilement par une intervention divine d'Eywa, la déesse des Na'vi... Y'a-t-il un coût ? Une leçon ? Une conséquence ? Non. Une prière à Mère Nature suffit à résoudre tous les problèmes.
D'autres scènes offres quelques soubresauts intéressants. Et presque toutes tournent autour de Neytiri. Son interprète, Zoe Saldaña, est en effet la seule qui injecte de l'humanité et de la complexité dans les dynamiques familiales par exemple. Elle est traversée par le doute, la colère, la frustration, le deuil... C'est à travers elle que les conflits les plus accrocheurs adviennent. Malheureusement, elle reste sous-exploitée. On notera par exemple une scène d'accouchement en pleine guerre qui est l'un des rares moments marquants en termes d’interprétation et d'émotion.
L'action pure, si elle ne connaît aucune conclusion satisfaisante scénaristiquement parlant, est bien menée, bien chorégraphiée. On en a pour son argent. Les flammes, les explosions et les flèches sont légion. Cette valse des batailles nous maintient éveillée pendant trois heures sans souci. Mais le déroulé de la bataille finale ressemble étrangement dans son séquençage et sa conclusion... aux deux batailles finales des précédents Avatar. Mais si les deux premières fins apportaient un élément de transformation pour les personnages, on se demande bien à quoi sert vraiment la troisième tant rien ne vient percuter les trajectoires et les convictions des personnages principaux.
On regrettera aussi le traitement de la nouvelle antagoniste du film : la prêtresse hallucinée Varang. Si son arrivée dans l'histoire a tout du cheveu sur la soupe pour ne pas dire du prétexte fainéant, elle est, initialement, une présence magnétique et intrigante. À la tête d'une faction entière, maîtrisant manifestement certaines capacités surnaturelles, elle introduit une ébauche de culture différente. Malheureusement, elle finit rapidement au rang d'alliée de circonstance, jouant surtout de ses charmes pour arriver à ses fins. Plutôt qu'une femme forte, déterminée, stratège... On découvre assez rapidement la superficialité d'un personnage féminin désespérément cliché dans ses méthodes.
Il reste encore deux films Avatar pour que James Cameron complète sa fresque techno-écologique. Après le visionnage de La Voie de l'eau en 2022 nous regrettions que James Cameron nous raconte une fois encore que les machines et l'argent ne peuvent triompher face à la nature et aux émotions, tout en misant quasi exclusivement sur le budget et la technologie au détriment du scénario. Nous formulions le souhait qu'il approfondisse les choses avec Avatar 3, il n'en n'est rien. Mais il lui reste encore deux films pour inverser la tendance. La question est : le public aura-t-il la patience de l'attendre ? Tant que les films Avatar dépassent les deux milliards de dollars de recette au box-office, James Cameron ne sera pas incité à changer sa recette. Et finalement, peut-être a-t-il raison.
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