Une instrumentalisation "orchestrée d'êtres humains". Ce sont les mots employés dans une déclaration après un conseil de sécurité de l'ONU réuni en urgence, à propos de la crise entre l'UE et la Bielorussie. Notre correspondant en Pologne a pu rencontrer certains de ces migrants qui sont des milliers toujours pris au piège à la frontière. Leurs propos confirment clairement une manipulation politique de la part du président Loukachenko.
Cherof a le regard de ceux qui ont survécu à l'enfer de la forêt. Barbe courte enveloppée dans sa doudoune, ce kurde syrien de 36 ans a rejoint l'Europe, piégé par la folie du régime biélorusse. "J'ai acheté mes billets à Beyrouth dans une agence un vol direct pour Minsk avec un hôtel 4 étoiles, visa, pour 4.000 dollars. Je suis arrivé à Minsk et ensuite une voiture m'a conduit à la frontière", raconte-t-il.
Là, les migrants sont regroupés par les garde-frontières puis emmenés dans les bois froids et humides. Ils sont alors violemment poussés vers la Pologne. "Il y avait des garde-frontières bélarusses, ils m'ont tabassé et mon cassé des côtes, puis ils m'ont dit 'marche 6 km, les polonais vont refouler trois fois'. Je ne pouvais pas manger, je ne pouvais pas boire, il faisait froid, sombre. C'était dangereux, j'ai cru que j'allais mourir", confie-t-il.
À bout de forces, il parvient finalement à passer, s'écroule dans un champ. Il est ensuite hospitalisé pendant huit jours, aidé par une association locale. Il se repose désormais dans ce centre d'accueil. "C'est le gouvernement biélorusse qui fait ça. Les gens meurent et il faut faire quelque chose. Moi, je suis cuisinier, je voudrais avoir un travail, commencer une nouvelle vie et être en sécurité", dit le Syrien.
Aujourd'hui, Cherof ne souhaite pas demander l'asile en Pologne. Il veut poursuivre sa route jusqu'aux Pays-Bas pour rejoindre des membres de sa famille.
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