Coronavirus en Italie : la mafia vient en aide aux plus pauvres de façon intéressée

En pleine crise sanitaire de coronavirus, qui frappe le monde de plein fouet et plus particulièrement l'Italie, certaines personnes mal intentionnées cherchent à profiter de la faillite des gens pour pouvoir s'en approprier les services. De l'autre côté des Alpes, le journaliste expert de la mafia Roberto Saviano a averti, ce jeudi 9 avril, que les organisations criminelles en Italie distribuent des produits alimentaires et contribuent à l'octroi de prêts gratuits aux plus démunis pour s'en attirer les bonnes grâces.

Les groupes mafieux cherchent aussi à s'accaparer d'affaires en difficulté, ce pays espérant recevoir des financements européens pour faire face à la crise économique, a ajouté l'auteur du livre Gomorra sur la Camorra, la mafia napolitaine. "La mafia n'attend que ça, une crise" a-t-il fait savoir en soulignant que les entreprises qui en seront victimes se retrouveront alors avec de nouveaux partenaires ayant des liens avec ces organisations criminelles.

"Vous devenez un partenaire, vous entrez dans les affaires", a-t-il expliqué. "Ce n'est pas comme si quelqu'un venait avec un pistolet, ce sont leurs conseillers financiers qui à un certain moment" leur recommandent d'agir ainsi.

Une situation qui pourrait être "incontrôlée"

Alors que le nombre de décès augmente jour après jour dans une très large partie des pays de l'Union Européenne, Roberto Saviano estime que "si l'Europe n'intervient pas bientôt, la multiplication de l'argent mafieux qui se trouve déjà en Allemagne, en France, en Espagne, aux Pays-Bas, en Belgique sera incontrôlée".

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Outre la fourniture de nourriture aux plus pauvres, à Naples, la grande ville du Sud de l'Italie, les prêteurs sur gages ont annulé les intérêts de leurs dettes sur ordre de la Camorra, a également fait savoir le journaliste italien. "Dans quel but ? Pour (obtenir) des services" en échange, raconte celui qui vit actuellement à New York et avait eu droit à une protection policière après la sortie de Gomorra en raison des menaces qu'il avait alors reçues.

Cela pourrait être des suffrages aux élections ou pour être des prête-noms dans des contrats, a-t-il expliqué. "En Italie, la mafia attend juste une nouvelle pluie d'argent de Bruxelles", a de son côté averti le journal allemand Die Welt dans son édition du jeudi 9 avril, mettant en garde contre l'octroi "sans limites" et "sans aucun contrôle" de fonds par l'Europe en liaison avec la crise provoquée par le Covid-19. Des commentaires qui ont aussitôt été qualifiés par le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio de "honteux" et d'"inacceptables".

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