Conflit Israël-Iran : comment les agents du Mossad ont transformé l'Iran en un vaste gruyère à trous

Alors que la guerre entre l’Iran et Israël fait rage, il est évident que l’offensive israélienne a été préparée depuis de très longs mois par le Mossad (les services secrets israéliens), qui a réussi à infiltrer le pays comme personne n’aurait pu l’imaginer, et cela, depuis de longues années.

La nuit de l’attaque du vendredi 13 juin 2025, au sol, des agents infiltrés ont aidé les pilotes israéliens en l’air à cibler leurs ennemis. D’autres avaient déployé secrètement des systèmes de guidage de précision à proximité des sites de missiles sol-air pour les détruire. Et puis, bien avant l’attaque, d’autres espions encore avaient assemblé des drones kamikazes dans des ateliers clandestins de la province d’Ispahan. Le matériel était entré par voies commerciales. Les forces de sécurité iraniennes ont retrouvé des camionnettes utilisées par le Mossad.

Pourquoi Israël espionne si facilement l’Iran ?

Les pièces détachées de drones sont probablement passées par les montagnes du Kurdistan d’Irak, frontalier du Kurdistan iranien. Les agents du Mossad se sont transformés aussi en télégraphistes, glissant une lettre sous une porte. "On vous attend", disent-ils aux successeurs des hauts gradés qui ont déjà été assassinés, "on sait où vous êtes, on peut vous atteindre". 

Des messages ont aussi été envoyés sur les portables de leurs épouses. Objectif : créer la panique ; et ça marche, une trentaine ont été tuées dans leurs lits par des drones kamikazes. Agents, mafieux et opposants, confie un ancien patron de la DGSE. 

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Le Mossad a utilisé les recettes classiques du recrutement d’espions, un recrutement servi par un contexte local favorable. Beaucoup d’Iraniens sont en colère contre le pouvoir, un vivier pour le Mossad. Le recrutement touche aussi la hiérarchie du pouvoir. Des officiels ont été victimes d’impitoyables luttes internes. Un ancien vice-ministre de la Défense, Alireza Akbari, émargeait non pas pour le Mossad, mais pour le MI6 britannique, il a été exécuté en 2023. 

Comment l’Iran tente de traquer tous ces espions ?

Autre réservoir : les opposants réprimés par le régime, les Kurdes ou les Iraniens liés aux moudjahidines du peuple, basés à l’étranger. En 2018, au cours d’une opération particulièrement audacieuse, une vingtaine d’agents du Mossad avait déjà raflé, dans un entrepôt de Téhéran, 100.000 documents sur le nucléaire iranien, un vol qui doit bien servir dans la guerre actuelle.

L’Iran essaie quand même de traquer tous ces espions, la chasse aux agents israéliens est lancée. Une trentaine de personnes ont été arrêtées depuis les attaques sont poursuivies pour collaboration présumée avec le Mossad. Mais un officiel iranien le reconnaît, "il y a beaucoup de travail. On n’a pas assez lutté contre les passages clandestins et la contrebande en provenance du Kurdistan d’Irak". 

Petit réconfort pour Téhéran : 24 heures après les frappes contre l’Iran, Israël a arrêté deux hommes soupçonnés de renseigner le régime des mollahs. L’un d’eux avait 13 ans, il aurait été manipulé à distance par un agent iranien. La guerre de l’ombre fait donc rage, mais le Mossad a incontestablement beaucoup de longueurs d’avance.