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Carlos Ghosn : "Ses explications sont confuses", décrypte François Lenglet

ÉDITO - Carlos Ghosn a-t-il été convaincant ? Est-il innocent ? François Lenglet décrypte la conférence de presse donnée par l'ancien président de Renault-Nissan, mercredi 8 janvier.

Carlos Ghosn, à Beyrouth, le 8 janvier 2020.
Carlos Ghosn, à Beyrouth, le 8 janvier 2020.
Crédit : AFP
Ghosn : "Les Japonais ont probablement voulu s'en débarrasser", estime Lenlget
00:03:35
Ghosn : "Les Japonais ont probablement voulu s'en débarrasser", estime Lenlget
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François Lenglet - édité par Gregory Fortune

Carlos Ghosn est sorti du silence mercredi 8 janvier à Beyrouth, au Liban, à l'occasion de sa première apparition publique depuis sa fuite rocambolesque du Japon, où il est accusé de malversations financières. L'ancien PDG de Renault-Nissan s'est-il montré convaincant ? "Il y a un point important qui ne fait guère de doutes dans ce qu’il a dit, c’est l’existence d’un complot au Japon, à la fois chez Nissan et dans la haute administration, pour le faire tomber", estime François Lenglet. 

"Les Japonais ont très probablement voulu se débarrasser de lui parce qu’ils redoutaient de perdre le contrôle de Nissan, qui est au Japon aussi symbolique que Renault en France, développe le journaliste spécialisé dans l'économie. Il n'y a guère de doute non plus sur le fait que la justice japonaise voulait le condamner avant même que le procès ne débute".

Cela veut-il dire qu'il est innocent ? "Pas forcément. Il peut y avoir à la fois complot et malversations. Sur ces malversations supposées, il n'a pas répondu aux sujets vraiment embarrassants. Il maintient en effet qu’il n’est pas coupable d’avoir dissimulé une rémunération différée supérieure à 100 millions d’euros". 

Les explications sont confuses

François Lenglet

"Mais alors pourquoi a t-il transigé avec l’administration américaine, qui menaçait de le poursuivre pour cette raison-là justement ? En septembre, il a accepté de payer une amende d’un million, tandis que Nissan réglait 15 millions, pour éviter le procès. Et il a été interdit d’exercer une responsabilité de chef d’entreprise aux États-Unis pendant 10 ans. Ce n’est pas rien". 

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"Idem sur le salaire de plus d'un million d'euros au total versés à sa sœur sur plusieurs années. Les explications sont confuses et différentes de ce qu’il avait avancé auparavant. Idem encore sur les transferts d’argent dans une filiale de Nissan au Moyen-Orient. La justice japonaise soupçonne qu’une partie de cet argent a en fait été utilisée par la famille Ghosn. Rien de précis n’a été dit à ce sujet".

Si Carlos Ghosn explique que ces transferts et décisions financières ont toujours été approuvés par les Japonais, "cela ne prouve pas que les actions étaient légales. Ça peut s’expliquer tout simplement par le fait que le pouvoir du dirigeant était à l’époque tel que personne n’osait contrarier ses volontés".

Il s'est laissé emporter par le ressentiment personnel

François Lenglet

L’autre partie de son réquisitoire frappe l’alliance Renault-Nissan. En gros, Carlos Ghosn assure que depuis qu’il est parti, c’est le chaos. "C’est incontestable que Ghosn été un patron exceptionnel, lors du redressement de Nissan il y a 20 ans ou pendant la grande crise de 2009. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de dérives dans les derniers temps. Dans sa prestation d’hier, Ghosn s'est laissé emporter par le ressentiment personnel. Le cours de bourse de Renault s'est en effet effondré. Mais la chute a commencé avant son départ. Dans les six mois qui précèdent son arrestation, l’action perd 35%". 

"Alors, la chute s’est poursuivie ensuite. Mais à quoi faut-il l’attribuer ? Au départ de Ghosn ou au fait que les fondamentaux de l’entreprise s’étaient dégradés avec Ghosn, sous l’effet d’une course aux volumes pour devenir numéro 1 mondial ? Une course qui a par exemple plombé Nissan aux États-Unis. Le patron déchu rend ensuite un hommage involontaire à son successeur, Jean-Dominique Senard, en regrettant que la fusion entre Fiat et Renault n’ait pas abouti. Un échec qui n’est pas dû à la nouvelle direction mais à l’État français, qui a bloqué le mariage pour en accepter un autre, celui de l'Italien avec Peugeot".

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