En 2025, l'Espagne célébrera tout au long de l'année le 50e anniversaire de la mort du dictateur Francisco Franco et le début de la transition vers la démocratie. Cette initiative du gouvernement de gauche divise profondément la classe politique espagnole.
Les célébrations commenceront le mercredi 8 janvier au musée de la Reina Sofía à Madrid, qui héberge notamment le tableau Guernica de Picasso, l'un des plus grands symboles de la lutte anti-franquiste. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, sera présent à cette première cérémonie commémorative. Le socialiste avait indiqué en décembre que cette initiative avait pour "objectif unique" de "mettre en valeur la grande transformation réalisée durant ce demi-siècle de démocratie". L'opposition de droite a décidé de boycotter mercredi la première des cérémonies organisées par l'exécutif.
Franco s'est éteint le 20 novembre 1975, dans son lit, à l’âge de 82 ans. Cinq décennies après son décès, la figure du dictateur divise encore le pays qu'il a tenu d'une main de fer plus de 40 ans (1939 à 1975). Celui-ci est sorti grand vainqueur de la guerre civile espagnole (1936-1939) à la tête de son armée nationaliste et aura abouti à l'instauration d'un "État Espagnol" reconnu pour la répression de sa population et ses nombreuses victimes.
Tout en interdisant les oppositions politiques en faveur de son mouvement socialiste et catholique, le régime franquiste aura contraint à l'exil beaucoup d'Espagnols, notamment en France. La vie de celui que l'on surnomme encore le "Caudillo" mérite un éclairage. Qui était-il vraiment ?
Né le 4 décembre en 1892 à Ferrol, en Galice, Franco n'était pas destiné à la renommée. Du haut de son 1,63 mètre, il est dans sa jeunesse moquée pour sa carrure chétive et devient le souffre-douleur de ses camarades lors de ses études à l'académie d'infanterie à Tolède. Sa voix, douce et aiguë, jugée criarde et peu virile, aurait également joué en sa défaveur dans son adolescence.
Son père, un officier de marine souvent absents, mais très sévère, ne manquera aussi pas de l'accabler de critiques, ne cessant de le qualifier de bon à rien. Cette jeunesse peu tendre serait l’une des principales raisons du caractère décrit comme renfermé du futur dictateur qui n'aura pourtant pas limité ses ambitions.
Contrairement à d’autres dictatures européennes, le régime dit franquiste ne s’est pas effondré avec la Seconde Guerre mondiale. Franco s’est maintenu au pouvoir pendant près de 40 ans, notamment grâce une neutralité affichée de la part de l’Espagne. Pourtant, durant la Guerre civile espagnole (1936-1939), Franco a reçu un important soutien d’autres figures autoritaires comme Mussolini et Adolf Hitler.
Mussolini lui a envoyé des troupes de l’armée fasciste italienne ainsi que des véhicules et fournitures militaires. De son côté, l’Allemagne de Hitler contribua à la victoire franquiste avec, entre autres, la mise à disposition d'avions et de pilotes. Parmi eux, on peut compter la célèbre légion Condor. Celle-ci sera responsable de bombardements dévastateurs à l'image de celui du village de Guernica ayant causé 1654 morts.
Francisco Franco était un fervent croyant et a bénéficié du soutien de l'église au moment de son ascension au pouvoir. Il n'est pas étonnant que celui qui était vu comme le défenseur de la "sainteté de l'Espagne" ait eu un certain penchant pour les reliques.
Il faisait collection de différents vestiges mortuaires de saints qu'il n'hésitait pas à entreposer dans ses résidences. Il conservait par exemple la main coupée de sainte Thérèse d'Avila, morte en 1582, avec lui lors de voyages pour prier à ses côtés. Le dictateur affirmait même dormir à proximité de la relique.
C'est dans une volonté de construire une Espagne unifiée que le "Caudilllo", conforme à sa vision nationaliste, a limité le nombre de langues parlées en Espagne. Franco aura donc réprimé plusieurs identités régionales en limitant grandement l'apprentissage et l'usage public de toute langue autre que l'Espagnol.
Des langues comme le catalan, le basque et le galicien ont été avec cette décision réduites à des dialectes folkloriques sans statut officiel. Cette politique visant à renforcer un État centralisé homogène a touché de nombreuses institutions culturelles, médias et écoles. Elle est en partie responsable du déclin de ces langues même après la fin du régime franquiste.
Francisco Franco a offert à son décès un héritage macabre à l'Espagne. Des milliers de républicains, syndicalistes, intellectuels et autres opposants furent emprisonnés, torturés ou exécutés pendant la guerre civile Espagnole ainsi que durant ses années au pouvoir. Le ministère de la Justice espagnol enregistre aujourd’hui plus de 2.500 fosses communes réparties dans le pays. Auparavant, une loi d’amnistie, entrée en vigueur en 1977, permettait alors aux auteurs de crimes Franquistes d’être amnistiés tout en empêchant l'accès aux sépultures des victimes.
Il aura fallu attendre plusieurs lois, dont la plus récente dite de "mémoire démocratique" est entrée en vigueur en 2022, pour restituer des centaines de dépouilles à leurs familles.
Malgré tout, l'Espagne compte encore plusieurs dizaines de milliers de disparus pendant les années Franco, une bonne partie attendant encore sous terre d'être découvertes.
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