Sécheresse : agriculture, industrie, tourisme... Pourquoi les pénuries d'eau menacent l'économie

La sécheresse et le manque d'eau pèsent dangereusement sur l'économie. D'ici à 2030, 5% de la production économique est menacée dans la zone euro. Si rien n'est fait pour préserver la ressource en eau, que les épisodes de sécheresse se multiplient, la baisse sera de 15% d'ici à 2050. 

Richesses perdues, croissance en berne, ces prévisions ont été réalisées par la Banque centrale européenne (BCE) en collaboration avec les chercheurs de l'Université d'Oxford. La BCE affirme que le manque d'eau dans les années à venir aura des répercussions en cascade.

L'agriculture est en première ligne. Les sécheresses en Espagne, en Grèce, en Italie, au Portugal risquent d'entraîner une baisse de 30% de la production agricole dans ces pays. La France pourrait perdre un quart de ses rendements agricoles. Les pays du nord sont aussi concernés, car la sécheresse n'épargne personne. En Finlande, on estime la baisse de production à 12%. 

En conséquence, moins de produits alimentaires seront disponibles sur le marché et les prix vont augmenter. Cela va alimenter l'inflation, tandis que le prix de l'eau ne cessera d'augmenter. 

Le tourisme menacé par le manque d'eau

En France, l'agriculture représente 57% de la consommation totale d'eau. L'eau potable au robinet représente 26% de la consommation, tandis que 12% de l'eau sert à refroidir les centrales qui produisent de l'électricité. Toutefois, l'industrie est aussi consommatrice d'eau. 

Certains secteurs sont particulièrement consommateurs, comme le papier, l'automobile, la chimie, la construction, le textile. Il faut par exemple 40.000 litres d'eau pour produire une voiture, 25.000 litres pour une tonne de papier, 600 litres pour un kilo d'acier, 400 litres pour un kilo de sucre. Moins d'eau disponible, ça voudrait dire moins de production. 

Dans la catégorie industrie, on classe aussi le tourisme qui voit ses activités impactées par les restrictions d'eau. En Sicile, en 2024, pas de douche ni de chasse d'eau. Des hôtels et des gîtes ne pouvaient plus recevoir de clients. Le tourisme est un moteur économique et représente 10% du PIB de l'Union européenne.

Comment enrayer ce scénario catastrophe ? Il faut s'adapter à un monde plus sec, adapter les cultures. Adopter une gestion durable de l'eau, innover pour une plus grande sobriété, c'est ce que disent les organisations internationales. 

La stabilité financière européenne pourrait être compromise

En France, le plan du gouvernement qui date de 2023 fixe l'objectif de 10% d'économie d'eau d'ici à 2030. Il prévoit la réutilisation de 10% des eaux usées, alors qu'on partait quasiment de zéro. Un travail sera fait sur la réduction des fuites sur le réseau, qui représenteraient 20% d'eau perdue. 

Il faut favoriser la récupération de l'eau de pluie, améliorer le stockage. 55 sites industriels français se sont engagés à réduire leur consommation, notamment en recyclant l'eau qu'ils utilisent. Cela nécessite de financer de nouvelles installations. En octobre, le Comité national de l'eau fera un bilan de toutes ces mesures. 

La Banque européenne d'investissement a annoncé une enveloppe de 15 milliards d'euros sur trois ans pour soutenir les projets d'amélioration des réseaux d'eau à travers l'Europe. La BCE met en garde, au-delà de la baisse d'activité économique, les sécheresses à répétition compromettent la stabilité financière européenne. 

Un tiers des prêts accordés en Europe le sont à des entreprises exposées à un risque élevé de pénurie d'eau. Ça représente plus de 1.000 milliards d'euros d'emprunts. Si ces entreprises ne peuvent plus rembourser leurs dettes à cause de la baisse d'activité, cela serait une perte colossale pour les banques. Tout le système est fragilisé.

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